Le cycle de
madrigaux de Roland de Lassus Les Larmes de saint Pierre est interprété par le
Los Angeles Master Chorale. Dans la mise en scène de Peter Sellars, le repentir
de Pierre après son reniement prend une dimension universelle.
Dans son chant du
cygne, Lagrime di San Pietro, Lasso a distillé sagesse, expérience et
complexité. « Une polyphonie aussi profonde et avec un tel sens du détail est
totalement sculpturale », observe Sellars. Et de remarquer que la composition
de Lagrime suit seulement de trente ans la mort d’une autre artiste phare de la
Haute Renaissance : Michel Ange.
« On retrouve aussi
dans l’écriture de Lasso cette intensité musculaire qui rappelle le langage
expressif, si familier à nos yeux, de Michel Ange. » Les deux artistes sont
tous deux porteurs d’une vision, celle d’une « spiritualité incarnée : le
muscle de l’énergie spirituelle et la lutte contre la douleur pour atteindre la
transformation de soi. »
« La genèse de ce
projet remonte à 2011 quand Peter et moi travaillions ensemble sur Griselda de
Vivaldi à l’Opéra de Santa Fe », rappelle Grant Gershon, directeur artistique
Kiki & Davis Gindler de la Los Angeles Master Chorale. « J’ai toujours été
particulièrement touché par sa façon d’amener les chanteurs à relier leurs
émotions les plus profondes et les plus complexes à la musique. » Gershon a
perçu le potentiel qu’offrirait la mise en scène par Sellars d’une œuvre
entièrement a cappella, « sans tampon entre les chanteurs et le public. Toute
la structure, les couleurs, les textures et l’émotion d’une grande œuvre
seraient portées par la sonorité pure de la voix humaine. »
Et Lagrime di San
Pietro s’avéra « la pièce idéale » pour tester cette approche – tout en
représentant un lot de défis considérables. Gershon explique : « Le problème,
et qui ne date pas d’hier, est que l’on a enfermé cette musique pourtant
chargée d’émotions, voire d’angoisse, dans une interprétation très corsetée,
révérencieuse. (Et pour parler franchement, je dirais qu’il en existe plusieurs
enregistrements tout à fait ravissants mais mortellement ennuyeux.) Peter et
moi sentions que la vérité de cette musique pouvait être libérée par le
mouvement et par un accent très fort mis sur la poésie. »
https://philharmoniedeparis.fr/fr/magazine/peter-sellars-met-en-scene-les-larmes-de-saint-pierre
No hay comentarios:
Publicar un comentario