Patrick Gérard tient à "rétablir quelques vérités" avant
la conférence de presse d'Emmanuel Macron, qui pourrait entériner la
disparition de son école.
Le HuffPost avec AFP
Patrick Gérard, directeur de l'ENA, publie une tribune à la veille
d'une conférence de presse d'Emmanuel Macron, qui pourrait annoncer la suppression
de l'école (ici photographiée en 2013).
POLITIQUE - C’est un plaidoyer, à la veille d’une conférence de
presse du président de la République, qui pourrait annoncer la fermeture de
l’ENA. Le directeur de l’École nationale d’administration, Patrick Gérard, a
pris la plume pour défendre son école, dans une tribune à paraître ce mercredi
24 avril dans Le Figaro.
Tout en se défendant de vouloir “participer au débat actuel sur
l’avenir de l’ENA, qui sera tranché par le président de la République”, Patrick
Gérard estime de son “devoir de rétablir quelques vérités” face aux critiques
visant l’école. Elles “choquent voire blessent profondément ses élèves et ses
personnels”, souligne-t-il.
Des étudiants “sincèrement soucieux de s’engager”
“Non, les élèves de l’ENA ne sont pas mus par le désir de
compliquer la vie de leurs concitoyens”, commence-t-il, jugeant ses étudiants
“sincèrement soucieux de s’engager pour leur pays, pour l’intérêt général et le
bien commun”.
“Non, les élèves de l’ENA ne sont pas tous ‘des jeunes de 25 ans’”
mais ont un ”âge moyen de 31 ans et demi” à la sortie de l’école et y entrent
après “plusieurs années d’expérience professionnelle” ou “après des études
supérieures plus longues qu’autrefois”, poursuit-il.
Le patron de l’ENA conteste également que les étudiants y entrent
“par favoritisme” puisqu’il passent “un concours exigeant”.
“Il faut encore mieux faire”
La création de l’école en 1945, rappelle-t-il aussi, visait
précisément à mettre fin à “un système de cooptation” des hauts fonctionnaires.
Et “l’actuelle promotion Molière ne compte aucun enfant d’énarque, de ministre
ou de parlementaire”, fait-il valoir.
Pour autant, concède Patrick Gérard, “on peut regretter que seuls
19 % des élèves actuels aient un parent ouvrier, commerçant, employé,
agriculteur, artisan ou chômeur” et “il faut encore mieux faire”.
Selon lui aussi, la scolarité a été “profondément rénovée” et “les
élèves de l’ENA ne sont pas coupés des réalités de leur époque”, œuvrant
notamment “en faveur de personnes défavorisées” à Strasbourg, où l’école est installée
depuis les années 90.
4 présidents de la Ve République en sont issus
Seuls 2,5% des anciens élèves de l’ENA exercent “une fonction ou un
mandat politique” comme c’est le “cas aujourd’hui de 15 députés sur 577″,
ajoute-t-il. L’ENA, assure encore Patrick Gérard, “n’a pas le monopole de la
haute fonction publique” puisque “plus de la moitié” des ambassadeurs, préfets
ou recteurs n’en sont pas issus.
Emmanuel Macron est susceptible de confirmer jeudi lors d’une
conférence de presse la suppression de cette école, une annonce qu’il
s’apprêtait à faire lors de son allocution du 15 avril, annulée en raison de
l’incendie de Notre-Dame, selon plusieurs médias dont l’AFP.
L’ENA a formé en un peu plus de 70 ans quelque 7000 hauts
fonctionnaires français et accueilli plus de 3700 élèves étrangers, venus de
134 pays. Quatre présidents de la Ve République -Emmanuel Macron, François
Hollande, Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing-, en sont diplômés.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-directeur-de-lena-defend-son-ecole-menacee-de-suppression-dans-une-tribune_fr_5cbf7222e4b01b6b3ef95f23?utm_hp_ref=fr-homepage
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