Par Loïs Elziere
Le musée subaquatique de Marseille fait son apparition aux
Catalans, et les quatre premières statues sont immergées. Si la préfecture a
autorisé l’installation, la municipalité estime qu’elle est précipitée et
entachée d’inconnues en termes d’environnement et de sécurité. À découvrir en
vidéo.
Un ours polaire, un Poséidon, un oursin géant, des néréides… Quatre
statues sont désormais immergées à 100 mètres au large de la plage des
Catalans, par cinq mètres de profondeur. Les Amis du musée subaquatique de Marseille
viennent de l’annoncer ce jeudi 24 septembre matin en conférence de presse.
Le Musée subaquatique de Marseille, en projet depuis 2017, s’est
fait attendre alors que son ouverture était annoncée cet été. Après de nombreux
rebondissements juridiques, les Amis du musée subaquatique avaient finalement
obtenu l’autorisation préfectorale pour la mise en place de cette exposition
sous-marine.
Un projet toujours questionné, et qui « va bien trop vite »
Le projet était présenté en grande pompe ce jeudi 24 matin, lors d’une conférence de presse qui réunissait plusieurs dizaines de soutiens, collaborateurs et journalistes. Il fait pourtant toujours l’objet de réticences de la part du Collectif de défense du littoral 13 sur des questions de sécurité et d’impact environnemental. Des membres n’ont pas manqué de s’inviter pour poser les questions de vive voix : « le béton est-il composé de fibres de polypropylène ? Du plastique qui pourrait se répandre avec l’érosion marine. Les mesures de sécurité sont-elles suffisantes pour les baigneurs novices attirés par la curiosité, qui pourraient s’agglutiner en surnombre l’été, à 100 mètres de la côte, hors de la zone de baignade ? »
Le nouvel adjoint à la Maire de Marseille en charge de la mer, du
littoral, de la biodiversité marine et des plages, Hervé Menchon, partage ces
interrogations et considère que « tout ça va bien trop vite ». Il n’était pas invité à la conférence : «
Je suis tenu à l’écart. Monsieur Lacanaud [le fondateur du musée subaquatique,
ndlr] ne nous permet pas de participer positivement à ce projet ». Il rappelle
d’ailleurs que le remboursement d’une subvention de 100 000 euros est toujours
sur la table. Elle a été accordée puis annulée par la Ville, « en raison du
changement de la nature du projet [l’artiste prévu à l’origine s’est désisté,
ndlr] ».
D’autre part, si l’État autorise la mise à l’eau, l’adjoint
écologiste explique que la Ville est responsable de la sécurité de la plage et
de l’accès aux nageurs. « La question de la sécurité et de la surveillance liée
à l’attractivité d’une installation accessible aux nageurs “pirates” [non
encadrés, ndlr] n’est pas résolue à ce jour. Qui portera la responsabilité des
accidents ou noyades ? » Le Musée subaquatique prévoit une bouée de repos avec
des poignées sur le site « et nous pourrions en rajouter une à mi-chemin de la
côte », précise Anthony Lacanaud.
Parole à la défense
« Ça fait trois ans et demi qu’on est sur le projet, eux viennent
d’arriver », poursuit le fondateur du musée, ciblant les remarques de la nouvelle
municipalité. Il espère pourtant « poursuivre les discussions sereinement en étant
tout à fait transparent ».
Lui et son entourage, composé de nombreux experts, se sont voulus rassurants lors de la conférence de presse. La biologiste Sandrine Ruitton représentait l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO), partenaire scientifique du musée subaquatique, qui assurera le suivi écologique dans un comité dédié. La chercheuse a créé de nombreux récifs artificiels dans la baie de Marseille, et considère « que le dossier technique du Musée subaquatique, validé par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) est particulièrement pointilleux et répond aux normes et réglementations. Elles sont très strictes quand on immerge des éléments artificiels. Au Prado, il m’a fallu espacer d’au moins 5 mètres les récifs des herbiers de posidonie, là c’est 25 mètres ».
Quant aux fibres de polypropylène que les opposants soupçonnent
dans le béton des statues, « elles sont naturelles », assure David Séguinot. Ce
technicien de la société spécialisée Seven seas, qui immerge les œuvres,
explique qu’il s’agit d’un « ciment marin à ph neutre ». Le dossier technique,
que nous n’avons pas encore pu consulter, éclaircira bientôt cette question.
Reste celle de la sécurité. La plage des Catalans, située en plein
centre-ville, est particulièrement prisée des baigneurs. Sa fréquentation atteint des sommets l’été, et le musée subaquatique
devrait accroitre encore cette tendance. Il pourrait notamment attirer de nombreux
curieux, expérimentés ou non, même hors saison, comme on le constate déjà.
Malgré des rapports qui semblent tendus, Anthony Lacanaud espère que « la Ville
va étendre la surveillance de la baignade de début juin à fin septembre ». Il ajoute que des
partenaires du projet comme des clubs de plongée ou d’autres professionnels
pourraient venir renforcer la surveillance. Il envisage également d’utiliser
des caméras présentes sur la rue en contre-haut comme solution complémentaire.
Des dispositifs qu’il reste encore à confirmer, et préciser, alors
que le musée subaquatique sera aménagé définitivement dans les prochains jours.
À suivre donc.
https://madeinmarseille.net/75784-musee-subaquatique-catalans-video-statue-poseidon-oursin/
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