Une richissime
collectionneuse ouvre une fondation qui contient toutes les œuvres de l’art
occidental... Tel est le point de départ à partir duquel Vincent Macaigne
confronte ses rêves de jeunesse et ses contradictions d’adulte, entre rébellion
et résignation. Au nom d’une certaine idée de l’art.
La reprise, au sens de
Kierkegaard, mais aussi de Beckett (« rater mieux »), semble aujourd’hui au
cœur de la réflexion théâtrale de Vincent Macaigne. Avant Je suis un pays, il y
avait eu, en 2016, En manque. Un spectacle qui renvoie à l’un des premiers
textes qu’il entreprit de monter au début de son parcours. Madame Burini, femme
dépressive bien qu’immensément fortunée, ayant amassé toutes les œuvres de
l’art occidental, décide d’en faire profiter le commun des mortels, et descend
de sa montagne pour ouvrir au bord d’un lac une fondation... où les œuvres sont
présentées cachées derrière des reproductions du Caravage ! Ce « pitch » de
départ est en réalité la matière sans cesse mouvante à partir de laquelle le
metteur en scène réactive chaque soir le plateau. Avec la grâce grinçante et
exubérante qu’on lui connaît, il confronte ses rêves et les nôtres à la
réalité, célébrant le deuil d’une certaine idée de l’art, d’une lointaine envie
de changer le monde – et du désir chimérique d’accorder celui d’« en haut » et
celui d’« en bas ». Joyeusement hanté par la difficulté de vivre, En manque est
une apocalypse tribale, tripale et trippante, à travers laquelle l’artiste se
regarde en face comme il toise le monde. « L’art sert à entendre le monde »,
disait-il un jour. Idéaliste autant que nihiliste, le théâtre selon Macaigne
nous provoque au sens salutaire du terme.
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