Par Olivier Pallaruelo
(@Olivepal)
Rattrapé par la vague du
#MeToo et les accusations d'abus sexuels de sa fille adoptive Dylan, Woody
Allen voit ses soutiens se raréfier à Hollywood. Au point de gravement
hypothéquer le financement de ses films à venir et détruire sa carrière. Récit.
A 82 ans, Woody Allen sort
son nouveau film, Wonder Wheel. Un joli drame social ancré dans les années 50
porté par Kate Winslet, James Belushi, Justin Timberlake et Juno Temple. Il a
aussi déjà tourné son prochain film, A Rainy Day in New York. Mais ce 51e long-métrage
pourrait bien devenir le dernier du cinéaste.
Dans le sillage de
l'affaire Weinstein, que Ronan Farrow -fils de Woody Allen-, a révélé dans son
enquête publiée dans The New Yorker au terme de dix mois de recherches, le
cinéaste est rattrapé par les accusations portées par sa fille adoptive Dylan
Farrow, expliquant comment le réalisateur l'avait agressée sexuellement en août
1992, alors qu'elle avait sept ans, dans le grenier de la maison de Mia Farrow,
dans le Connecticut. A Hollywood, certains talents de l'industrie ont
d'ailleurs déclaré ne plus jamais vouloir travailler avec le cinéaste ou
regrettait d'avoir travaillé avec lui, comme Greta Gerwig (sur To Rome With
Love), tandis que les acteurs de son prochain film, Rebecca Hall, Timothée
Chalamet et Selena Gomez, ont reversé leurs salaires à l'association Time's Up
tout juste créée, destinée notamment à venir en aide aux personnes victimes
d'agressions / harcèlements sexuels.
De son côté, le géant
Amazon, qui a produit Wonder Wheel et A Rainy Day in New York, s'interroge sur
l'avenir de leur collaboration. La société envisagerait en effet, selon le site
Vulture qui rapporte l'information, soit d'annuler la sortie en salle du
prochain film de Allen, soit d'en minimiser la sortie en se contentant de le
rendre visible uniquement en VOD. Le cas Woody Allen est d'autant plus épineux
pour Amazon que Roy Price, l'ancien directeur d'Amazon Studios, fut contraint à
la démission après avoir été accusé de harcèlement sexuel par une productrice.
Le 26 janvier dernier, le
Goodspeed Opera House, fameux théâtre américain, annulait les représentations
du spectacle "Coup de feu sur Broadway". "À la lumière du
discours actuel sur le harcèlement sexuel et les comportements inappropriés,
l'auteur de Coups de feu sur Broadway Woody Allen fait l'objet d'une attention
accrue" indiquait Michael Gennaro, directeur exécutif du théâtre, dans un
communiqué. "Les articles de presse persistants ont rendu la situation
encore plus difficile et compliquée ce qui nous a conduits à reconsidérer
l'opportunité de produire le spectacle", ajoutait-il.
C'est dire si les nombreux
coups portés à l'encontre du cinéaste, qui voit ses soutiens se réduire comme
une peau de chagrin et qui s'est toujours défendu de ce dont on l'accuse,
risquent d'être fatals à sa carrière et à sa vie tout court. Pour aller un peu
plus au fond des choses, il faut remonter le fil du récit. Car l'un des noeuds
du cas Woody Allen réside dans cette guerre familiale, fratricide et
impitoyable menée depuis 1992 et son divorce fracassant avec Mia Farrow.
"LA VÉRITÉ EST
DIFFICILE À NIER, MAIS FACILE À IGNORER..."
Le 7 décembre 2017, Dylan
Farrow signe une tribune au vitriol dans les colonnes du Los Angeles Times.
L'actrice de 32 ans s'indignait alors que le scandale autour de l'affaire
Weinstein n'éclabousse pas davantage son père adoptif : "Pourquoi Harvey
Weinstein et d’autres célébrités accusées ont-elles été bannies de Hollywood,
quand Allen a récemment signé un contrat à plusieurs millions de dollars avec
Amazon ?" lâchait Dylan Farrow.
Et de détailler l'agression
dont elle fut victime selon elle : "Woody Allen m’a emmenée dans un
grenier, loin des baby-sitters qui avaient pour consigne de ne jamais me
laisser seule avec lui. Ensuite, il m’a agressée sexuellement." Une
version des faits que l’actrice répète depuis des années : "J’ai dit la
vérité aux autorités à l’époque, et je l’ai redit, inaltérée, durant plus de vingt
ans." Elle décrit alors les sévices qui auraient été perpétrés par Woody
Allen : "Les mauvais comportements d’Allen – mettre son pouce dans ma
bouche, entrer dans mon lit et mettre ma main dans ses sous-vêtements, de
constants attouchements – ont eu des témoins, des amis et des membres de la
famille." Avant de poursuivre plus loin : "trois témoins oculaires
ont étayé ma version des faits, dont une baby-sitter qui a vu Allen avec la
tête sous mon genou après qu’il ait enlevé mes sous-vêtements". Pourtant,
un article du Los Angeles Times daté de février 1993 révélait notamment que la
baby-sitter de Dylan, Monica Thompson, fut contrainte par Mia Farrow à faire
une déposition à charge contre Woody Allen, puis choisi de démissionner lorsque
la pression est devenue ingérable. Du coup, qui croire ?...............
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18670634.html?actId=ebwp0YMB8s2RJ4foZLqiGKFWgZQt9biALyr5FYI13OrKV_nAdm-MjFane8gLFSQa&actCampaignType=MAIL&actSource=3115&hid=58d1b8b141cf41443ada93a9618e1e81&utm_campaign=actifs&utm_content=20180210&utm_medium=nlcinema&utm_source=email
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