La soirée a aussi été
marquée par la lutte contre les violences faites aux femmes.
Aux César 2018, triomphe
pour "120 battements par minute" avec 6 prix, "Au-revoir là
haut" en rafle 5
CÉSAR - Ruban blanc à la
poitrine, le cinéma français a affiché vendredi 2 mars sa mobilisation contre
les violences faites aux femmes lors de la 43e cérémonie des César, qui a sacré
"120 battements par minute" sans oublier le réalisateur Albert
Dupontel pour "Au revoir là-haut".
"Je vous propose
d'agir dès ce soir, de vous lever, de montrer vos rubans blancs, parce
qu'effectivement, maintenant on agit", a lancé le maître de cérémonie Manu
Payet à l'adresse des professionnels dans la salle qui, debout, ont applaudi.
Réunis Salle Pleyel à
Paris, les 1700 invités, parmi lesquels la secrétaire d'Etat à l'égalité entre
les femmes et les hommes Marlène Schiappa et la ministre de la Culture
Françoise Nyssen, ont été conviés à arborer ce ruban afin de soutenir
"celles et ceux qui oeuvrent concrètement pour qu'aucune femme n'ait plus
jamais à dire #MeToo".
Plusieurs mois après l'onde
de choc provoquée par l'affaire Weinstein, plus d'une centaine d'actrices et de
personnalités, dont Vanessa Paradis, ont lancé avec la Fondation des femmes la
campagne #MaintenantOnAgit.
Les lauréats ont toutefois
peu évoqué le sujet dans leurs remerciements, lors d'une cérémonie qui a sacré
comme meilleur film "120 battements par minute" de Robin Campillo,
fresque sur les années sida à travers le combat de l'association Act Up.
Le film, qui avait
bouleversé le Festival de Cannes l'an dernier en y décrochant le Grand prix, a
reçu six César, dont également ceux du meilleur espoir masculin pour Nahuel
Pérez Biscayart et du meilleur second rôle masculin pour Antoine Reinartz.
Robin Campillo a tenu à attirer l'attention sur les migrants: "Il est
temps de les entendre, car comme il y a 25 ans, silence = mort", a-t-il
lancé.
L'écrivain Pierre Lemaitre,
co-scénariste de l'autre grand favori de la soirée "Au Revoir
là-haut", film adapté de son roman sacré du Goncourt en 2013, a lui aussi
tenu à adresser "un salut fraternel" à ceux qui "se trouvent
situés aux marges de la société, et parfois à la limite de l'exclusion",
les "pauvres, les mal logés, les précaires (...) les réfugiés".
"Au Revoir là-haut", sur le destin de deux hommes pendant et après la
Première Guerre mondiale, a reçu cinq trophées, dont celui de la meilleure
réalisation pour Albert Dupontel, absent de la cérémonie.
Balibar primée
Le César du meilleur acteur
est revenu à Swann Arlaud, 36 ans, pour son rôle d'éleveur confronté à une
épidémie dans "Petit paysan", d'Hubert Charuel. Un film qui a reçu
trois prix, dont également celui du meilleur premier film et celui de la meilleure
actrice dans un second rôle pour Sara Giraudeau.
Le César de la meilleure
actrice est revenu à Jeanne Balibar pour son interprétation troublante de la
chanteuse Barbara dans le vrai-faux biopic de Mathieu Amalric sur l'inoubliable
interprète de "L'Aigle noir". En recevant son prix, l'actrice de 49
ans a évoqué "toutes ces choses dont nous parlons, graves, les graves
emmerdements voire les graves délits", dans une allusion aux violences
faites aux femmes. Le César du meilleur espoir féminin est revenu à l'actrice
et chanteuse Camélia Jordana dans "Le Brio" d'Yvan Attal.
Souvent taxés d'élitisme et
d'entre soi, ces 43e César ont aussi innové avec pour la première fois un prix
au film ayant fait le plus d'entrées en salles en 2017: la comédie "Raid
dingue" de Dany Boon. "Je ne vous remercie pas, vous... mais je vous
aime quand même", a lancé le comique, acteur et réalisateur à l'adresse
des professionnels, avant de saluer "le public français". "La
comédie était le parent pauvre de la cérémonie", a-t-il estimé, dans les
coulisses.
"Le Sens de la
fête", autre comédie de Toledano et Nakache, a en revanche fait chou blanc
malgré dix nominations.
La soirée a aussi été
marquée par des hommages aux disparus de l'an dernier, Jeanne Moreau, Danielle
Darrieux, Jean Rochefort et Johnny Hallyday, dont la fille Laura Smet a fait
une brève apparition pour remettre un César.
Très émue, l'actrice
espagnole Penélope Cruz a reçu des mains de Pedro Almodovar un César d'honneur
pour l'ensemble de sa carrière, tandis que le César du meilleur film étranger
est revenu à "Faute d'amour" du Russe Andreï Zviaguintsev. Film qui
sera aussi en lice pour un Oscar dimanche soir.
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