4 novembre 2014 - 20h
On fête Rameau en cette année 2014, mais c’est également le
250e anniversaire de la disparition de Jean-Marie Leclair (Lyon 1697 – Paris
1764), mort assassiné de trois coups de poignard, rejoignant le maître au
tombeau à quelques mois de distance seulement.
Violoniste de génie, Leclair, pur produit du XVIIIe siècle,
fut au croisement des styles : il passa en effet six années en Italie et autant
à Amsterdam, cultivant un art virtuose mêlant les mélodies à la française et la
virtuosité italienne, issue de Corelli et Vivaldi. C’est à 49 ans qu’il
entreprend sa première (et unique) tragédie lyrique, Scylla et Glaucus, créée à
l’Académie Royale de Musique en 1746, et qui connut 17 représentations et un
grand succès. Rameau, son aîné de 15 ans, a déjà révolutionné l’opéra français,
et sa trace est évidente dans le style de Leclair, comme dans celui de ses
contemporains Mondonville (autre violoniste qui a créé la même année son premier
opéra) ou Royer (Pyrrhus
recréé à Versailles en 2012). Leclair trouve cependant sa propre voie :
l’écriture globale est moins complexe que celle de Rameau, plus directe pour
atteindre les buts dramatiques qu’il s’est fixés, et la virtuosité de
l’orchestre est de bout en bout le moteur de l’œuvre.
Un trio de solistes mêlant Héros, Amoureuse et Sorcière,
dans la plus grande tradition française, lui permet de somptueux numéros
d’épanchements sentimentaux, comme d’effroyables scènes de fureur et de
terreur, dans lesquelles l’orchestre aux traits musclés joue un rôle
éblouissant. La nymphe Scylla se refusant à Glaucus, celui-ci demande à la
magicienne Circé de l’appuyer dans sa conquête amoureuse. Mais la sorcière
s’éprend de lui, et va conduire à la perte des amoureux. Chœur et orchestre
sont les magnifiques commentateurs de cette tragédie des sentiments mêlée de
fantastique. Véritable chef-d’œuvre, Scylla
et Glaucus laissa une marque forte dans l’opéra français, mais ne
fut redécouvert que dans les années 80 (Gardiner à Lyon). Il mérite de revivre
aujourd’hui à Versailles, et qu’un enregistrement dans la collection Alpha –
Versailles fixe le résultat de cette recréation menée par Sébastien d’Hérin,
fin connaisseur de Rameau et son époque (son enregistrement récent des Surprises de l’Amour de
Rameau a reçu des éloges mérités).
Il s’entoure de grands interprètes, dont l’amoureux duo
prometteur d’Anders Dahlin et Emöke Barath, pour une résurrection de ce que le
grand musicologue Girdlestone considère comme “probablement, avec ceux de
Rameau et Gluck, le meilleur opéra français du siècle”.
PROGRAMME
Nouvelle production
Jean-Marie Leclair (1697-1764)
Scylla et Glaucus
Tragédie en cinq actes. Livret de d’Albaret.
Créée à l’Académie Royale de Musique de Paris, le 4 octobre
1746
Emöke
Barrath, Scylla
Anders Dahlin, Glaucus
Caroline Mutel,
Circé
Virginie Pochon,
Dorine, Vénus
Marie Lenormand,
Témire, Amour
Frédéric Caton, Hécate,
Chef des Peuples
Les Nouveaux Caractères
Sébastien d'Hérin, direction
http://www.chateauversailles-spectacles.fr/fr/spectacles/2014/leclair-scylla-et-glaucus
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