Pour cette seizième
édition de la collection des Métiers d’art de Chanel, Karl Lagerfeld a fait
défiler ses créations à New York, au coeur des salles égyptiennes du
Metropolitan Museum of Art (Met). Un spectacle époustouflant, où les
silhouettes de déesses antiques se mêlaient aux lignes dynamiques d’un
streetwear très eighties…
Le grès du temple de
Dendour, démontéen 1962 pour ne pas être noyé par les eaux du barrage
d’Assouan, semble illuminé par un soleil couchant. Quelques minutes plus tôt,
dans la brume froide d’une nuit de décembre à Manhattan, près de mille invités,
dont Penélope Cruz, Julianne Moore, Diane Kruger, Sofia Coppola, Lily-Rose
Depp, Marion Cotillard ou Margot Robbie, gravissaient les marches de l’imposant
Met en bordure de Central Park. Une longue procession joyeuse et chamarrée qui
traverse le musée déserté pour découvrir les splendeurs de l’ancienne Égypte.
Les actrices Marion
Cotillard, Penélope Cruz et Lily-Rose Depp. Courtesy of Luc Castel
Le silence se fait.
Les mannequins apparaissent, éclatantes. Des lignes pures, géométriques,
nerveuses, mettent en valeur
la richesse des
tissus, des broderies, des plumes et des bijoux. La taille est soulignée
d’épaisses ceintures étincelantes, les épaules anoblies de plastrons
spectaculaires et magnifiquement enrichis. Les imprimés s’inspirent aussi bien
des hiéroglyphes et de la skyline new-yorkaise que des graffitis de l’artiste
Cyril Kongo. Le cuir accentue la modernité des coupes, soulignant la netteté
des cols, des poches et des manches, d’où émerge un poignet délicat. Travaillé
en relief, craquelé ou imprimé, il se fait tour à tour iguane, crocodile ou
python, pour mieux rappeler que la maison Chanel vient de renoncer, par éthique,
à ces matières exotiques.
Karl Lagerfeld
entouré de son filleul Hudson Kroenig, et de Virginie Viard, la directrice du
studio. Courtesy of Luc Castel
Les jambes semblent
dorées à l’or fin comme les cuissardes de la maison Massaro. Une robe en
marqueterie de plumes soigneusement agencée par la maison Lemarié éblouit,
tandis que le scarabée, réalisé par la maison Goossens d’après un moule de son
fondateur, Robert, ponctue toute la collection. Associé dans la mythologie
égyptienne à Khépri, dieu du soleil éternellement renaissant, le divin insecte
paré d’or et de joyaux pourrait symboliser l’inspiration de Karl Lagerfeld qui
depuis trente-cinq ans fait surgir tant de vies et tant de mondes au sein de
cette auguste maison.
Par Adélaïde de
Clermont-Tonnerre
http://www.pointdevue.fr/art-de-vivre/video-video-chanel-dans-le-temple-disis_8053.html
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