Par Challenges
Offensif, ancré sur
ses réformes hormis quelques ouvertures, Emmanuel Macron a lancé mardi le grand
débat national par un échange-marathon de près de sept heures avec 653 maires
normands, qui témoignaient des "fractures" françaises.
Offensif, ancré sur ses réformes hormis quelques ouvertures,
Emmanuel Macron a lancé mardi le grand débat national par un échange-marathon
de près de sept heures avec 653 maires normands, qui témoignaient des
"fractures" françaises.
Offensif, ancré sur
ses réformes hormis quelques ouvertures, Emmanuel Macron a lancé mardi le grand
débat national par un échange-marathon de près de sept heures avec 653 maires
normands, qui témoignaient des "fractures" françaises.
"Nous pouvons
faire du moment que traverse la France une chance", a souhaité le
président devant les maires rassemblés dans le gymnase de Grand Bourgtheroulde
(Eure), la première d'une dizaine de rencontres qu'il mènera dans toute la
France, sa réponse politique à la crise des "gilets jaunes".
Après avoir promis
en arrivant qu'il n'allait "pas parler longtemps, car l'objectif, c'est
surtout de vous entendre", le chef de l'Etat a parlé pendant près de 3h30,
répondant en détail à des questions pointues, et finissant par échanger des
rires avec son auditoire d'abord méfiant.
Les maires l'ont
longuement applaudi debout à la fin de l'échange, vers 22h10, quand il a prôné
"une République de la délibération permanente".
"J'ai donné mon
avis mais je n'ai fermé aucun sujet", a-t-il déclaré à l'AFP à la sortie.
"J'ai beaucoup donné de faits, la réalité. Et j'ai donné un avis. Je dois
me découvrir, avec sincérité", a-t-il dit, en promettant que durant ces
deux mois ils rencontrerait aussi de simples citoyens.
Sa première sortie
en région depuis un mois se déroulait sous haute sécurité. Aux cris de
"Macron démission", une centaine de "gilets jaunes"
s'étaient rassemblés à Grand Bourgtheroulde après avoir réussi à contourner les
barrages. Les forces de l'ordre ont fait deux fois usage de gaz lacrymogènes
pour les contenir et interpellé deux hommes.
Pour la première
fois, le chef de l'Etat a nommé publiquement les "gilets jaunes", ce
qu'il avait évité depuis le début de leur mobilisation il y a deux mois.
"Réagir plus
fort"
Cette crise est
"une chance" pour "réagir plus fort" et continuer à
réformer plus profondément, a-t-il plaidé, en se reprochant de ne pas avoir
suffisamment impliqué les Français depuis son élection.
A Grand
Bourgtheroulde, Emmanuel Macron a écouté les maires énumérer une longue liste
des "doléances" de leurs administrés. "La France est malade. Il
y a une grande souffrance", a témoigné l'un d'eux.
Et les élus de citer
le pouvoir d'achat, la justice fiscale, le niveau des retraites ou
l'affaiblissement des services publics en milieu rural.
"Toutes ces
fractures, on les a devant nous, et d'un seul coup, les choses
s'effritent", a reconnu le chef de l'Etat, citant son prédécesseur Jacques
Chirac et sa fracture sociale.
Courtois mais
insistants, les élus ont suggéré plusieurs réformes: baisser la TVA sur les
produits de première nécessité, rendre des compétences aux maires, rendre le
vote obligatoire... D'autres en ont profité pour protester contre des normes.
"Faites confiance aux maires", ont réclamé les élus, dont plusieurs
ont vu dans les "gilets jaunes" l'exemple d'un "réveil démocratique".
Tombant la veste,
debout au milieu des maires assis en rond autour de lui, Emmanuel Macron a
défendu ses réformes, de la suppression de l'ISF à la hausse de la CSG. Et même
la fermeture de la maternité de Bernay, un cas qu'il avait visiblement étudié. "Il
est fort", commentaient nombre d'élus à la sortie.
Pour les convaincre,
le président de la République a mêlé logique, chiffres et formules choc,
parfois émaillées d'argot: "Il ne faut pas raconter de craques, c'est pas
parce qu'on rétablira l'ISF que les gilets jaunes iront mieux. C'est de la
pipe".
Du côté des
ouvertures, il a admis qu'il pouvait y avoir des aménagements au décret
limitant la vitesse à 80 km/h et qu'il pourrait rendre aux communes la
délivrance de la carte d'identité ou de la carte grise. Il s'est dit aussi prêt
à réviser la loi NOTRe sur l'organisation des collectivités, bête noire des
maires.
Acte II
Le président s'est
également dit d'accord pour "donner une place" aux référendums
citoyens - l'une des principales revendications des "gilets jaunes"
-- mais "pas sur tous les sujets". Le cas du Brexit "nous dit
beaucoup sur ces référendums qui paraissent sympathiques".
"Sa majesté
Jupiter étant toujours en train de parler en direct et depuis 15h sur toutes
les chaînes d'infos du pays, on patiente en plateau sans être certain que le
débat ait lieu...", a tweeté avec agacement vers 22 heures Jean-Luc
Melenchon, coincé sur le plateau de CNews.
"Je tirerai des
solutions véritables de ce débat car je veux en faire un acte II de mon
mandat", a-t-il promis en conclusion.
L'enjeu est crucial
pour Emmanuel Macron, qui compte reprendre l'initiative après deux mois de
crise. Il aura fort à faire pour convaincre des Français méfiants, qui selon un
sondage sont seulement 34% à croire que le débat permettra une sortie de crise.
L'opposition a elle
critiqué la petite phrase qu'il a prononcé plus tôt devant le conseil municipal
de Gagny (Eure), quand il a déclaré vouloir "responsabiliser" les
personnes en situation de pauvreté car "il y en a qui font bien" et
d'autres "qui déconnent".
"L'année 2019
débute comme elle s'est achevée. Des débats s'ouvrent mais toujours le même
mépris pour les Français!", a dénoncé Valérie Soyer (LR). Olivier Faure,
le patron du PS, a jugé "insupportable" cette "façon de jeter en
pâture les plus faibles".
(Avec AFP)
https://www.challenges.fr/politique/la-republique-en-marche/grand-oral-marathon-pour-macron-devant-des-maires-normands_636803#xtor=EPR-1-[ChaActu10h]-20190116
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