Par Katharina Rabillon
Trente ans après son
inauguration, l'Opéra Bastille renoue avec le premier opéra qu'il a présenté
sur scène : "Les Troyens". Cette œuvre monumentale d'Hector Berlioz
est revisitée par le metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov, amateur d'expérimentation
et de défis.
L'Opéra Bastille
fête son trentième anniversaire. Commandée par l'ancien président François
Mitterrand pour le bicentenaire de la Révolution française, l'institution
lyrique parisienne attire aujourd'hui, l'un des publics les plus jeunes au monde.
"La Bastille
est un théâtre d'aujourd'hui, un théâtre moderne qui a eu pour mission de
chercher à convaincre tout un nouveau public et un théâtre qui s'adresse
sûrement au plus grand nombre," estime Stéphane Lissner, directeur général
de l'Opéra national de Paris.
"Les Troyens" d'Hector Berlioz fut le premier opéra monté au sein de cette
maison. Ce chef-d'œuvre colossal est cette fois, présenté dans une version
signée Dmitri Tcherniakov.
"Hector Berlioz
est un compositeur très visuel, qui donne à voir de nombreuses couleurs,"
estime le célèbre metteur en scène russe. "Sur scène," poursuit-il,
"il nous raconte une histoire en détails, sa palette est très
variée."
"Les nombreuses facettes d'Énée"
Le compositeur
français revisite en cinq actes, les exploits d'Énée, un rôle interprété avec
passion par le ténor américain Brandon Jovanovich.
Dmitri Tcherniakov
précise : "L'opéra comporte deux parties avec des thèmes différents :
"La Prise de Troie" et "Les Troyens à Carthage". J'essaie
de créer un fil rouge avec un seul point commun : un personnage, celui d'Énée.
__Cette histoire," ajoute-t-il, "est centrée sur lui et sur ce qui
lui arrive. Et nous avons découvert de nombreuses facettes chez ce personnage
qui ne sont pas si évidentes d'emblée," assure le metteur en scène.
Brandon Jovanovich
revient ce qui pousse son personnage à agir : "Il essaie de faire ce qu'il
faut, de remplir sa mission dans la vie, de se conformer à ce qu'il pense ou en
l'occurrence, à ce que les Dieux lui ont dit de faire. Et je me suis dit,"
indique-t-il, "que c'est quelque chose qui nous permet à tous de nous
identifier : essayer de trouver son chemin, de nous battre avec la vie sur tant
d'aspects."
"Désarçonner le public"
Dmitri Tcherniakov
fait partie des créateurs qui misent le plus sur l'expérimentation dans le
monde lyrique contemporain. Il a choisi comme décor pour la deuxième partie de
l'opéra, une clinique pour les victimes de stress post-traumatique. "Il
emmène davantage l'œuvre sur un terrain émotionnel où il expose les tourments
qui agitent ces personnages," souligne le ténor américain.
Le metteur en scène
confie pour sa part : "Plus la tâche est difficile, plus cela m'intéresse
: je ne veux pas créer quelque chose qui soit trop facile à comprendre. J'adore
travailler sur des histoires exigeantes et c'est ce qui me rend plus courageux
et plus curieux," estime-t-il.
Le directeur général
de l'Opéra national de Paris revient sur cette idée de faire appel à Dmitri
Tcherniakov, connu pour ses idées novatrices : "Une maison d'opéra qui est
une maison de spectacle vivant doit vivre dans le débat et j'attache beaucoup
d'importance au fait de pouvoir inviter des metteurs en scène qui ont une idée
dramaturgique de l'œuvre et qui proposent parfois, des choses qui peuvent
désarçonner et étonner le public."
La première des
"Troyens" est prévue le vendredi 25 janvier 2019. Les représentations
sont programmées jusqu'au 12 février 2019.
https://fr.euronews.com/2019/01/24/l-opera-bastille-fete-ses-30-ans-avec-une-version-ambitieuse-des-troyens-de-berlioz?utm_source=newsletter&utm_medium=fr&utm_content=&_ope=eyJndWlkIjoiNThkMWI4YjE0MWNmNDE0NDNhZGE5M2E5NjE4ZTFlODEifQ%3D%3D
No hay comentarios:
Publicar un comentario