La Bibliothèque nationale
de France et l’Opéra national de Paris explorent les multiples facettes du
rapport de Picasso à la danse, de son rôle de décorateur et costumier pour les
Ballets russes à la place qu’occupe cet art dans son œuvre en général. À
travers quelque 130 œuvres et documents rarement montrés en France,
l’exposition dévoile toute l’importance de la danse dans la vie de Picasso.
Picasso accorde une place
notable à la danse dès les premières années de sa carrière, mais c’est
véritablement à partir de ses premières collaborations avec les Ballets russes
de Serge Diaghilev, dans les années 1910, qu’il s’ouvre à l’univers du ballet.
Cette troupe est pour Picasso le lieu de rencontres importantes : sa future
femme, la danseuse Olga Khokhlova, mais aussi de nouveaux collaborateurs et
amis, comme Léonide Massine ou Jean Cocteau, dont il réalise de plaisantes
caricatures. L’artiste se met aussi à dessiner ballerines et corps en
mouvement. L’exposition présente une sélection de ces dessins, de même qu’un
portrait original de Boris Kochno, bras droit de Diaghilev. Picasso participera
à une dizaine de productions de ballets. Si son implication se limite parfois à
un simple rideau de scène, ou à des indications pour le faire réaliser, il
s’engage toutefois très activement dans quatre productions majeures entre 1917
et 1924 : Parade (1917), Le Tricorne (1919), Pulcinella (1920) et Mercure
(1924). L’exposition consacre une large place à ces ballets essentiels pour
l’artiste. Ses costumes de managers, conçus comme des sculptures cubistes, ainsi
que son cheval, influencé par le monde circassien, contribuent au scandale de
Parade tandis que ses costumes colorés favorisent l’immense succès du Tricorne.
Pour Mercure, s’émancipant des Ballets russes, Picasso réalise les décors et
costumes d’une série de « poses plastiques » surréalistes qui se voient une
nouvelle fois chahutées lors de la première. Quarante ans plus tard, la reprise
par Serge Lifar de son ballet Icare (1962) donnera lieu à l’unique
collaboration de Picasso avec l’Opéra de Paris. Dessins, estampes, manuscrits,
costumes et photographies d’époque illustrent la forte implication de Picasso
dans ces créations collectives et dialoguent avec des costumes et photographies
modernes, témoignages de la place de son œuvre au sein du répertoire vivant de
l’Opéra de Paris. Au-delà du monde du ballet, Picasso représente un grand
nombre de scènes de danse, en prise avec certaines thématiques particulières.
Sa vie de bohème l’amène au contact du cirque dès les années 1900 : suivant les
traces de Toulouse-Lautrec, il dessine et peint à son tour des « danseuses à
cheval ». À la faveur d’un renouveau mythologique dans son œuvre à la fin des
années 1940, ce sont cette fois-ci les bacchantes et autres faunes dansant
furieusement qui s’affirment, Picasso s’inspirant du classicisme de Poussin ou
d’Ingres, qu’il réinterprète selon ses propres principes esthétiques. C’est le
cas par exemple dans le Grand nu dansant, linogravure colorée réalisée en 1962.
Enfin, à partir des années 1960, toutes ces thématiques seront revisitées à
travers le prisme d’un érotisme omniprésent, comme la danse figurée dans
l’estampe Salomé de 1905, dont Picasso dévoile clairement le potentiel
licencieux lors de sa reprise en 1971. Allant parfois jusqu’à irriguer sa
pratique artistique, la dynamique du mouvement dansé aura ainsi traversé toute
l’œuvre du maître.
https://www.operadeparis.fr/actualites/exposition-picasso-et-la-danse-au-palais-garnier
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