Alors que le nouveau
premier ministre italien fait ses premiers pas diplomatiques, le ton ne cesse
de monter avec Washington sur fond de guerre commerciale.
Par Geoffroy Clave
Emmanuel Macron et son
homologie américain Donald Trump.
G7 - Après la lune de miel
canadienne, le plat de résistance du G7 s'annonce corsé pour Emmanuel Macron.
Le président français, comme ses alliés Justin Trudeau et Angela Merkel,
s'apprête à passer un moment particulièrement tendu lors du sommet annuel des
pays riches du "Groupe des Sept" qui se déroule vendredi et samedi à
La Malbaie, au Québec. Champion affiché du multilatéralisme, Emmanuel Macron
aura fort à faire pour parvenir à s'entendre avec le président américain Donald
Trump, très isolé après sa décision unilatérale de sortir du traité nucléaire
iranien et de relever les droits de douane de l'aluminium et de l'acier.
En jeu: l'existence même du
G7 qui, malgré des divergences récurrentes, repose sur le principe d'un accord
commun de favoriser le libre-échange et des règles communes entre les
principales puissances économiques de la planète. Or, dans les capitales, le
sommet s'est préparé comme un match à six contre un, l'escalade tarifaire
décrétée par Donald Trump étant vécue comme la négation même de la raison
d'être du G7.
Trump et "l'art de
l'accord"
Le conflit sur les taxes
est tel que le sommet pourrait ne pas accoucher d'une déclaration finale
commune, au-delà de parties consensuelles sur la pollution des océans ou
l'égalité hommes-femmes. L'Elysée a noté après un long dîner entre les
dirigeants français et canadien qu'ils s'étaient accordés "pour dire que
s'il n'y avait pas d'autre option ils n'hésiteraient pas à isoler les
Etats-Unis".
Toute la question est de
savoir si le président américain, auteur du célèbre livre "Art of the
deal", parviendra à forcer ses interlocuteurs à négocier directement avec
lui. "Trump va utiliser toutes les ficelles pour fissurer les six autres,
pour qu'ils craquent, et fassent ce que veut Trump, à savoir des négociations
bilatérales, dit Laurence Nardon, de l'Institut français des relations
internationales. Jusqu'à présent les six ont tenu bon, mais Trump n'en a pas
terminé".
Plusieurs rencontres
bilatérales sont justement au menu des rencontres du G7 mais le couple
Macron-Trudeau, en pointe dans la riposte contre Washington, ont affiché leur
unité pour dénoncer l'attitude de Donald Trump. Emmanuel Macron a averti
qu'Européens et Japonais ne sont "pas prêts à renoncer à tout pour avoir
cette signature" de Donald Trump sur un communiqué commun. Ce serait
"une erreur" de "renoncer à tout pour avoir cette
signature" et cela mettrait en danger "la pertinence de ce G7",
a-t-il prévenu.
"Le marché des six
autres pays du G7 est plus grand que le marché américain", a encore
souligné le président français, prévenant ainsi que les Etats-Unis seraient les
premiers à souffrir d'une escalade tarifaire.
L'inconnu italien
L'attitude qu'adoptera
Donald Trump dans le jeu diplomatique qui s'ouvre au Québec n'est pas la seule
inconnue du sommet. Fraîchement adoubé par les parlementaires italiens, le
nouveau premier ministre Giuseppe Conte, à la tête d'un gouvernement populiste
liant le M5S et La Ligue (extrême droite), profitera de cette réunion des
puissances pour faire ses premiers pas sur la scène internationale.
Encore très largement
inconnu dans son propre pays, ce juriste a promis de se faire "un
porte-parole des intérêts des citoyens italiens" au G7 tout en
reconnaissant que sa "première mission sera de se faire connaître".
Et aussi "respecter".
Le programme anti-austérité
de l'alliance populiste italienne ne prétend pas remettre en cause l'ordre
économique mondial: lors de son discours de confiance devant les députés,
Giuseppe Conte a écarté l'objectif un temps évoqué de quitter l'euro, défendu
"l'appartenance convaincue" de l'Italie à l'OTAN et défendu
l'alliance "privilégiée" de son pays avec les États-Unis tout en
affichant son "ouverture" à la Russie.
Ses alliés européens
l'attendent néanmoins au tournant sur le volet communautaire de son programme,
notamment sur la question des migrants. Le nouveau ministre italien de
l'Intérieur, Matteo Salvini, patron du mouvement d'extrême droite La Ligue, a
averti dimanche que son pays ne pouvait pas être "le camp de réfugiés de
l'Europe". "Le bon temps pour les clandestins est fini: préparez-vous
à faire les valises", avait-il déjà lancé samedi.
"Notre souhait est de
poursuivre le dialogue avec l'Italie", a assuré lundi dernier Emmanuel
Macron. En indiquant qu'il discuterait de tous les sujets d'urgence lors de sa
première rencontre avec le nouveau chef du gouvernement italien Giuseppe Conte
en marge du G7.
https://www.huffingtonpost.fr/2018/06/07/au-g7-macron-face-a-la-double-inconnue-populiste-incarnee-par-trump-et-conte_a_23453422/
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