Il a également ordonné des
préparatifs pour le transfert de l'ambassade américaine.
Anthony Berthelier
AFP
Donald Trump reconnaît
Jérusalem comme capitale d'Israël
ÉTATS-UNIS - Donald Trump a
reconnu ce mercredi 6 décembre Jérusalem comme capitale d'Israël, marquant une
rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs et suscitant une vague de
réprobation au Proche-Orient et au-delà, sur fond d'inquiétudes sur une flambée
de violence.
Avec cette décision
historique qui marquera son mandat, le 45e président des Etats-Unis tient l'une
de ses promesses emblématiques de campagne. Mais il s'isole encore un peu plus
sur la scène internationale et prend le risque d'anéantir les timides espoirs
de reprise des discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens.
"Il est temps
d'officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël", a lancé
Donald Trump lors d'une brève allocution depuis la Maison Blanche au cours de
laquelle il a insisté sur sa volonté de "reconnaître une réalité".
"Les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix
acceptable pour les deux parties", a-t-il martelé, s'efforçant d'adopter
une tonalité conciliante après cette décision extrêmement controversée.
"J'ai l'intention de
faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord",
a-t-il encore dit au pupitre, debout devant un portrait de George Washington.
"Défendant une décision qui aurait du être prise "depuis
longtemps", le président américain a également égratigné ses prédécesseurs
qui "n'ont pas fait ce qu'ils avaient dit", peut-être selon lui par
manque de "courage".
Casus belli
Toute reconnaissance de
Jérusalem comme capitale d'Israël est un casus belli pour les dirigeants
palestiniens, qui revendiquent Jérusalem-Est, occupée puis annexée par Israël,
comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu, à la tête du gouvernement considéré comme le plus
à droite de l'histoire d'Israël, a salué un jour "historique"
réaffirmant par ailleurs l'engagement israélien à maintenir le "statu
quo" sur les lieux saints à Jérusalem.
Le président français
Emmanuel Macron a lui qualifié cette décision de "regrettable" et
appelé à "éviter à tout prix" les violences. La Turquie a de son côté
stigmatisé une décision "irresponsable". Le président turc Recep
Tayyip Erdogan avait déjà annoncé son intention de réunir un sommet des
dirigeants des principaux pays musulmans le 13 décembre à Istanbul.
Avant même son discours,
des dirigeants du monde entier avaient appelé le locataire de la Maison Blanche
à peser ses mots et mesurer les conséquences de ses actes, tant Jérusalem est
un chaudron diplomatique.
"Je ne peux taire ma
profonde inquiétude", a déclaré le pape François qui ne peut qu'accorder
un intérêt tout particulier à la ville qui abrite les lieux les plus saints des
trois grandes religions monothéistes, y compris le Saint-Sépulcre.
"J'adresse un appel vibrant pour que tous s'engagent à respecter le statu
quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l'ONU",
a ajouté le souverain pontife.
Les groupes palestiniens
ont appelé à trois "jours de rage". Dans la bande de Gaza, des
centaines de Palestiniens en colère ont brûlé des drapeaux américains et
israéliens et des portraits de Donald Trump. Un rassemblement est prévu jeudi à
Ramallah en Cisjordanie, territoire occupé par l'armée israélienne depuis 50
ans.
Après la décision de Donald
Trump, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence vendredi matin, a
indiqué mercredi à l'AFP la présidence japonaise du Conseil. Cette réunion a
été demandée par huit pays sur les 15 qui forment le Conseil de sécurité. Il
s'agit de quatre européens -Suède, France, Italie et Royaume-Uni-, de deux
sud-américains -Bolivie et Uruguay- et de deux africains -Egypte et Sénégal.
Appel au calme
Reconnaissant que son
annonce était loin de faire l'unanimité, Donald Trump a lancé un appel "au
calme et à la modération", espérant que "les voix de la tolérance
l'emportent sur les pourvoyeurs de haine".
Le département d'Etat
américain va par ailleurs lancer "immédiatement" les préparatifs pour
déménager l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, a annoncé
mercredi le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson. Cela devrait
toutefois prendre plusieurs années, puisqu'il faut trouver un emplacement et
construire le bâtiment, avec les implications sécuritaires que cela suppose,
ont fait savoir des responsables américains.
L'Autorité palestinienne,
interlocutrice des Etats-Unis, d'Israël et de la communauté internationale,
avait prévenu par avance que si une telle décision était annoncée, Washington
se discréditerait comme intermédiaire impartial de toute entreprise de paix. Et
que les efforts en ce sens du gendre et conseilleur de Donald Trump, Jared
Kushner, seraient considérés comme terminés.
La communauté
internationale n'a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et
considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé. Israël proclame tout
Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale "éternelle et
indivisible". Dans un apparent souci d'apaiser les Palestiniens, le
président américain s'est dite prêt à soutenir "une solution à deux
Etats" si les deux parties tombent d'accord.
A la grande frustration des
Palestiniens, le président des Etats-Unis s'est jusqu'ici gardé d'adhérer à
l'idée d'un Etat palestinien indépendant, solution référence de la communauté
internationale. Le roi Salmane d'Arabie saoudite, grand allié de Washington,
avait prévenu qu'une telle décision risquait de provoquer "la colère des
musulmans" et la Turquie a brandi le spectre d'un "incendie"
régional en jugeant qu'une reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël
fait "le jeu des groupes terroristes".
http://www.huffingtonpost.fr/2017/12/06/donald-trump-reconnait-jerusalem-comme-capitale-disrael_a_23299181/
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