viernes, 8 de diciembre de 2017

L'ÉCRIVAIN JEAN D'ORMESSON EST MORT À L'ÂGE DE 92 ANS DISPARITION

- Le doyen des Immortels nous a quittés dans la nuit de lundi à mardi. Il reste dans nos esprits comme un homme brillant, drôle, cultivé, philosophe et omniprésent dans la vie intellectuelle française. « Jean d'O » laisse derrière lui une œuvre conséquente, preuve de l'étendue de son talent.

L'écrivain et académicien français Jean d'Ormesson est mort dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 92 ans. Le romancier est décédé d'une crise cardiaque à son domicile de Neuilly (Hauts-de-Seine), a indiqué sa fille, l'éditrice Héloïse d'Ormesson. «Il a toujours dit qu'il partirait sans avoir tout dit et c'est aujourd'hui. Il nous laisse de merveilleux livres».


Né en 1925 à Paris, celui qui avait un savoir encyclopédique inimitable vécut entre les voyages de son père ambassadeur, en Bavière, en Roumanie, au Brésil. À Munich, il se souvenait d'une gifle magistrale reçue après avoir applaudi un défilé en 1933. L'écrivain n'était pas avare en souvenirs, il se rappelait aussi sa rencontre avec le futur pape Pie XII, devant qui il avait été effronté, et ce dernier lui avait rappelé avec humour la scène quelques années plus tard. Jean d'Ormesson adorait raconter des anecdotes, et au micro de RTL, il s'était rappelé une histoire peu commune. Après avoir évoqué l'épisode en 1914 dans lequel Mme Caillaux avait tué Calmette, directeur du Figaro, il se souvenait qu'en arrivant en 1974 à la direction du journal, on lui avait annoncé une dame, une certaine Mme Joseph Caillaux. En entrant, il l'avait tout de suite reconnu: c'était l'écrivain Jean Dutourd déguisé en femme et armé d'un pistolet à eau!



Philosophe avant tout

Bien avant de diriger le Figaro, Jean d'Ormesson, le bac en poche, fait une année d'hypokhâgne, puis intègre l'Ecole normale supérieure. Les deux écrivains qui lui ont insufflé l'envie d'écriture sont Brasillach et Jules Romains, à qui justement il succèdera à l'Académie française. Quand il fait part à Paul Valéry de son désir de passer l'agrégation de philosophie, le poète pousse des cris horrifiés. Mais d'Ormesson veut être philosophe, et publie dans la Revue de métaphysique et de morale un article «Arrivisme, snobisme et dandysme». Jean d'Ormesson restera toujours philosophe, même dans ses fonctions à l'Unesco, position qui lui permettra de rencontrer de grandes figures (Borgès, Caillois, Durrell, Lévi-Strauss, Georges Dumézil). Quand Paul Ricœur lui propose d'enseigner à Nanterre, il refuse: c'est la conversation qu'il aime.
Écrivain à succès

Le futur académicien devient célèbre au début des années 70 avec La gloire de l'Empire et Au plaisir de Dieu. Après quelques romans légers (L'amour est un plaisir, Un amour pour rien, Les illusions de la mer), Jean d'Ormesson est tenté de jeter l'éponge, mais change d'avis. C'est ainsi qu'il reçoit le prix du roman de l'Académie française en 1971 pour La gloire de l'Empire. Lui qui ne manque pas d'autodérision, il raconte son enfance dans Au plaisir de Dieu, fresque du XXème siècle, inspirée de son enfance passée au château de Saint Fargeau. Adapté pour la télévision, le roman conquiert une audience importante, en offrant une réflexion sur le temps qui passe. Jean d'Ormesson conquiert ainsi la France entière, ce qui fait dire à Morand: «Ce qui m'amuse devant le succès de Jean d'Ormesson, ce ne sont pas ses ennemis (il n'en a pas) mais les méchants: ils n'arrivent pas à le mordre». Écrivain à succès, Jean d'Ormesson est sur tous les fronts: il écrit pour le théâtre, comme il joue la comédie (Les Saveurs du palais), où il joue Mitterrand. En 1973 il entre à l'Académie française. Alors benjamin de la Compagnie à 48 ans, il fait bouger les lignes: il lutte pour mettre fin à 350 ans de non-mixité en proposant Marguerite Yourcenar.

Intellectuel engagé

En 1974, il est nommé directeur du Figaro. Il lui ressemblait par son style élégant, son esprit cultivé, un je-ne-sais-quoi d'irrévérence. D'abord sur la liste noire du journal pour avoir écrit, comme critique littéraire, que Brisson, alors directeur, ne pouvait pas «à la fois être directeur du Figaro et avoir du talent», Jean d'Ormesson le dirigera finalement pendant trois ans. Il quittera, en même temps qu'Aron, mais gardera une chronique au Figaro magazine et une colonne au Figaro littéraire. Avec son collègue et ami, qui ne le juge «pas trop idiot», ils soutiennent Giscard d'Estaing à la présidence. Il est choisi par Mitterrand comme contradicteur du traité de Maastricht, et recueille son dernier entretien à l'Elysée comme président.
Chacun de ses passages à la télévision est un triomphe (Apostrophes). Enfin, il entrera dans la sacro-sainte collection La Pléiade en 2015.


http://www.lefigaro.fr/culture/2017/12/05/03004-20171205ARTFIG00041-l-ecrivain-jean-d-ormesson-est-mort-a-l-age-de-92-ans.php

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