C'est ce mercredi 18 février que l'opéra new-yorkais annonce sa
prochaine saison : beaucoup de grandes voix et un soupçon de modernité.
Six nouvelles productions feront, l'an prochain, le bonheur des
mélomanes de Manhattan. En dépit de la crise financière qu'il a traversé cet
été, le Metropolitan
Opera de New York, vaisseau amiral de l'art lyrique
outre-Atlantique, se maintient à la hauteur des ambitions de son directeur Peter Gelb: surfer sur sa
tradition d'exigence vocale propre au Met, tout en secouant (à petite dose) une
audience réputée conservatrice, par des mises en scène modernes.
En la matière, l'événement de la saison sera sans nul doute la nouvelle
production, en décembre, du sulfureux opéra d'Alban Berg Lulu, confiée à
l'artiste sud-africain William
Kentridge. Ce dernier avait déjà mis en scène pour la salle Le
Nez de Chostakovitch... Un spectacle couronné de succès dans le monde
entier. Sa Lulu, dirigée (autre événement) par le vétéran du Met James
Levine, promet un hommage visuel et théâtral à l'expressionnisme allemand et au
cinéma de Weimar avec, notamment, la réalisation d'un film muet tourné
spécialement pour l'occasion, et qui fera partie intégrante de la mise scène.
Autre spectacle qui devrait faire frémir positivement les New-Yorkais,
la sublime Elektra de Patrice Chereau, ultime mise en scène de l'artiste
décédé à l'automne 2013, posera enfin, en avril 2016, ses valises à Manhattan.
Comme pour la création à Aix, Salonen tiendra la baguette face à un casting
toujours aussi superlatif, composé entre autres de Nina Stemme et Waltraud
Meyer.
Les quatre autres «nouvelles» productions ne manqueront pas d'intérêt.
En ouverture de saison, Bart Sher, collectionneur de Tony Awards et metteur en
scène résident du Lincoln Center, s'attaque à un Otello placé sous le
signe de la jeunesse, puisqu'on y retrouve le chef Yannick Nezet-Seguin et la
révélation Sonya Yoncheva en Desdemone. Lulu sera suivie par une Manon
Lescaut du réalisateur anglais Richard Eyre, avec
notamment Jonas Kaufmann en Des Grieux. La documentariste Penny Woolcock
prendra le relais avec des Pêcheurs de perles surtout montés pour le duo
Diana Damrau et Vittorio Grigolo. Enfin, l'éclectique mais so british
David Mc Vicar fera son retour avec une rareté: le Roberto Devereux sur
fond d'Angleterre élisabethaine de Donizetti, compositeur auquel Peter Gelb a
consacré ces dernières années une partie de sa programmation.
Beau doublé pour Alagna
Toutes ces nouvelles productions seront naturellement retransmises au
cinéma dans le cadre du programme Live HD du Met (diffusé en France par Pathé
Live). S'y ajouteront une sélection des reprises du Metropolitan Opera, qui
seront surtout l'occasion pour la salle de réaffirmer sa prééminence en matière
de distributions vocales. Parmi les stars attendues, signalons Piotr Beczala (La
Bohème), Roberto Alagna
(Cavalleria Rusticana e Pagliacci et L'Élixir d'amour), Placido Domingo (Simon
Boccanegra), Elina Garança (Anna Bolena), Angela Gheorghiu (Tosca)
ou encore Anna Netrebko (Il Trovatore).
Enfin, outre la confirmation de la soprano bulgare Sonya Yoncheva, le
Met version 2015-2016 devrait voir éclore quelques révélations à suivre de
près, dont Aleksandra Kurzak (la nouvelle Mme Alagna) dans L'Élixir d'amour,
et surtout la soprano lettone Kristine Opolais (épouse du chef montant Andris
Nelsons), «la nouvelle grande Butterfly» promet Peter Gelb. Rôle qu'elle
endossera juste après avoir revêtu les habits d'une autre héroïne de Puccini:
ceux de la Manon que courtisera Kaufmann!
http://www.lefigaro.fr/musique/2015/02/18/03006-20150218ARTFIG00274-kentridge-et-chereau-stars-du-met-en-2015-et-2016.php
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