Un pianiste de tradition et
d'éclectisme,
Sofiane Boussahel : Que
devez-vous à la tradition musicale et notamment pianistique de la Hongrie ?
József Balog : Des
générations de professeurs hongrois se sont succédés jusqu’à mes maîtres. Si
l’on réalisait un arbre généalogique, il remonterait à Franz Liszt. Je me
considère comme l’héritier d’une école hongroise de piano forgée par György
Cziffra, Ernő Dohnányi et Zoltán Kocsis, reprise par des musiciens comme Dezső
Ránki et András Schiff.
Jouez-vous aussi les
compositeurs hongrois de la seconde moitié du 20e siècle tels que György Ligeti
et György Kurtág ?
Je joue beaucoup de musique
contemporaine et Kurtág fait partie de mon répertoire, mais aussi László
Vidovszky. Je m’efforce de diversifier les écritures que j’aborde en tant que
pianiste, car il y a des connexions entre les différents types de musique. Je
suis un adepte des rencontres fructueuses, par exemple entre la musique
hongroise et la musique française : j’ai plusieurs fois joué Rameau, mais aussi
Alexandre Tansman, compositeur français d’origine polonaise qui a vécu à Paris,
Zoltán Kodaly et László Lajtha qui ont étudié à Paris et transmis leur
connaissance de la musique de Debussy à Béla Bartók. J’aime les lier ensemble
dans un même récital. En novembre, à Budapest, je jouerai Boulez. On peut dire
qu’au 20e siècle, la musique française a eu d’importantes retombées sur la
musique hongroise.
Quelle est l’importance de
Gershwin dans votre répertoire ?
Je m’intéresse beaucoup au
jazz. Je suis un pianiste de formation classique et ne joue de jazz que pour
moi-même. Or, pour interpréter Gershwin, il est préférable d’être quelque peu
versé dans le jazz et de savoir improviser. Le jazz, toutefois, est un domaine
tout à fait distinct que je préfère laisser à ceux qui en sont spécialistes.
Gershwin, c’est autre chose, car sa musique s’adresse à des pianistes
classiques chevronnés, dotés des capacités techniques que l’on acquiert par la
maîtrise du répertoire classique et romantique.
Quels concerts et
enregistrements figurent à votre agenda ?
J’ai joué dernièrement le
Concerto n° 3 de Bartók à Budapest, ainsi que le Concerto n° 4 de Beethoven
avec l’Orchestre national de Hongrie. A l’heure où s’apprête à paraître chez
Hungaroton un CD que j’ai réalisé avec des pièces de Gershwin et des
transcriptions d’Earl Wild et Beryl Rubinstein, je prépare deux albums d’œuvres
inédites au disque consacrés respectivement à László Lajtha et Zoltán Kodaly.
Enfin, je me réjouis de jouer pour la première fois avec les musiciens de
l’Orchestre Philharmonique de Nice sous la direction de mon compatriote György
G. Ráth, un chef d’orchestre de renommée et dont la réputation rejaillit sur
notre pays.
http://www.opera-nice.org/fr/news/2017-11-09/entretien-avec-joszef-balog-sur-la-scene-de-l-opera-les-8-et-9-decembre
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