L’émotion musicale par le
mouvement —
Par Aliénor de Foucaud
Après les Démonstrations du
mois de décembre, les élèves de l’Ecole de danse retrouvent la scène du Palais
Garnier du 13 au 18 avril avec un spectacle annuel qui réunit cette saison
trois grands chorégraphes du XXe siècle. Aux côtés de Suite de danses d’Ivan
Clustine, en hommage à l’école française, deux ballets viennent enrichir le
répertoire de l’École : Un Ballo de Jiří Kylián, porté par une gestuelle
gracieuse et harmonieuse et Spring and Fall de John Neumeier, teinté de
folklore, tout en élégance et émotion. Elisabeth Platel, Directrice de l’École,
nous explique le choix de cette programmation en commentant quelques photos
prises dans les studios de répétition à Nanterre.
Suite de danses
J’ai conçu cette
programmation autour de trois maîtres. Suite de danses est une extension des
Sylphides de Michel Fokine, premier ballet sans argument. En écho à cette «
modernité » chorégraphique, je souhaitais présenter deux autres ballets sans
argument. Ce spectacle célèbre la traduction de l’émotion musicale par le
mouvement.
Un Ballo
Jiří Kylián avait déjà
offert sa Suite Kylián à l’École de Danse. Il s’agissait d’une succession de
trois extraits d’une œuvre. Je voulais qu’un ballet entier entre au répertoire.
Un Ballo est une œuvre assez emblématique puisqu’elle a été créée pour le
Nederlands Dans Theatre II : la troupe du NDT qui rassemble de jeunes
adolescents à la croisée des chemins, pas encore professionnels mais déjà très
avancés. C’est un ballet que l’on peut transmettre à cinq, six ou sept couples,
ce qui me donnait une certaine liberté dans le choix des distributions.
On y retrouve tout l’esprit
de Kylián : une sensibilité à fleur de peau dans le rapport quasi indicible de
l’homme à la femme. C’est très intéressant de transmettre une œuvre comme
celle-ci à de jeunes danseurs. Ils ne se rendent pas forcément compte de ce
qu’ils font mais, in fine, leur corps habite cette intention. C’est très subtil.
La partition de Ravel est
merveilleuse, c’est une belle écoute musicale. Le travail sur demi-pointes est
intéressant pour les jeunes filles. De même, le rapport entre partenaires, la
diversité des pas de deux, pirouettes et tours de promenade avec attitudes
s’inscrivent dans leur parcours de formation. Les élèves ont été très
disponibles en studio et particulièrement touchés. Ce ballet n’est pas si
récent mais sa gestuelle parle aux danseurs.
Spring and Fall
Spring and Fall est une
œuvre évolutive qui commence par la variation du garçon, le pas de deux puis le
finale, essentiellement masculin. John Neumeier l’a allongée par la suite.
C’est un hommage au lien qui unit Neumeier à l’Opéra de Paris. Mais un hommage
également à Manuel Legris pour qui le ballet a été créé, et qui reste l’un de
mes partenaires fétiches. (Spring and Fall était interprété par Manuel Legris
et Gigi Hyatt au Gala "Étoiles de l'Opéra de Paris & Artistes
invités" en octobre 1991). C’est enfin un ballet masculin, en contrepoint
de Suite de danses, plus féminin. Je les ai choisis en regard l’un de l’autre
dans la composition de ce spectacle. On retrouve dans Spring and Fall toute la
gestuelle typique de Neumeier. Des portés entre garçons, des danses parfois
folkloriques et modernisées sur la belle partition de Dvořák, et puis une
spiritualité vraiment propre à ce chorégraphe. C’est aussi un ballet plus
adulte que Yondering, entré au répertoire de l’École il y a quelques années.
Techniquement c’est une pièce difficile, surtout en pas de deux. Finalement, Un
Ballo comme Spring and Fall requièrent un certain niveau de professionnalisme.
Je souhaite ici préparer les élèves de 1ère et 2ème divisions à leur future
entrée dans de grandes compagnies comme le Corps de Ballet de l’Opéra.
https://www.operadeparis.fr/magazine/trois-maitres-au-repertoire-de-lecole-de-danse?utm_source=Selligent&utm_medium=email&utm_campaign=&utm_content=&utm_term=_
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