Nombreux sont ceux qui dénoncent un non-sens des responsabilités et
un manque de courage politique.
Par Paul Guyonnet
CHARLES PLATIAU /
REUTERS
Affaire Benalla: la sortie de Macron devant les élus LREM dénoncée
par l'opposition
AFFAIRE BENALLA - Il a rompu le silence, mais n'a pas réussi à
faire taire les mécontentements. Mardi 24 juillet, après six jours d'excitation
nationale quant à l'affaire politique de l'été -celle des violences commises
par Alexandre Benalla le 1er mai dernier, et surtout de la manière dont les
instances du pouvoir ont géré l'après-, Emmanuel Macron s'est enfin décidé à
parler.
Mais pour ce faire, il n'a pas choisi le plateau du journal
télévisé de TF1, la matinale de RMC ou les colonnes du Monde. Tout à l'inverse,
il s'est exprimé en terrain conquis, face aux parlementaires de sa majorité (La
République en Marche et MoDem), dans le cadre fermé de la Maison de l'Amérique
latine . Personne d'autre que ses proches pour rapporter ses propos, pas de
retransmission en direct dans les médias et une captation vidéo publiée
plusieurs heures après la fin de sa prise de parole.
Comme il l'a lui-même clamé, en s'exprimant, Emmanuel Macron en
comptait pas donner raison aux opposants qui lui réclamaient des explications
depuis des jours. "J'ai plutôt pris ce pli de choisir le moment où je
parle et ne pas me le faire dicter. Et je continuerai à procéder de la
sorte", a-t-il affirmé durant son discours. Résultat: ceux qui attendaient
une déclaration voire une audition du président de la République face au peuple
ou à la représentation nationale sont restés sur leur faim. Doux euphémisme.
En effet, de toutes parts et aux quatre coins de l'échiquier
politique, des voix se sont élevées pour dénoncer la manière dont le chef de
l'État a choisi de réagir à l'affaire Benalla. Du côté des Républicains par
exemple, camp où l'on cherche depuis une semaine à prendre le leadership de
l'opposition aux marcheurs, la plupart des responsables ont critiqué le choix
présidentiel. Guillaume Larrivé a parlé d'un Emmanuel Macron s'exprimant devant
"son fan club", quand la députée des Hauts-de-Seine Constance Le Grip
évoquait "les obligés" du président pour qualifier l'assistance.
"Sens de la responsabilité, vraiment? Courage
politique?", demande même cette dernière, dans un ton de reproche auquel
ont fait écho nombre de déclarations, y compris venues de la gauche. Ainsi, le
député européen Guillaume Balas, membre du mouvement de Benoît Hamon
Génération·s regrette qu'Emmanuel Macron prétende être seul responsable sans
pour autant s'exprimer devant les commissions d'enquête. "Le courage des
mots n'est rien sans la responsabilité dans les faits", écrit-il.
D'autres, de l'insoumis Alexis Corbière à l'apparenté Rassemblement
national Robert Ménard dénoncent également avec virulence le modus operandi du
président de la République. Le député de Seine-Saint-Denis accuse le chef de
l'État de faire "un bras d'honneur au Parlement et au Peuple" quand
le maire de Béziers demande à Emmanuel Macron d'assumer sa posture de
"seul responsable" et de se justifier devant le Parlement.
D'un extrême à l'autre en passant donc par les socialistes, les
républicains, le centre-droit de l'UDI ou les écologistes, à l'image de Julien
Bayou, l'opposition conteste ainsi en bloc contre la formule politique choisie
par Emmanuel Macron. Seul à pouvoir décider de se présenter face aux
commissions d'enquête parlementaires du fait de son irresponsabilité devant la
loi et le Parlement, Emmanuel Macron ne peut en effet être forcé à s'exprimer
sur l'affaire Benalla. Et c'est bien d'assumer sa responsabilité de
transparence que lui demandent ses opposants politiques. En vain?
Même le président du Sénat Gérard Larcher, souvent salué pour son
sens de la mesure, a demandé à Emmanuel Macron de s'exprimer "devant les
Français." "J'aurais préféré qu'il s'adresse à la France et aux
Français. Ce n'est pas devant les députés LREM, dans l'entre-soi, que le
président de la République doit parler, mais devant les Français dont il tire
sa légitimité", a-t-il réagi dans un entretien au Figaro.
https://www.huffingtonpost.fr/2018/07/24/lallocution-devant-son-camp-ne-change-rien-pour-lopposition-macron-doit-encore-parler-directement-aux-francais_a_23488922/?utm_hp_ref=fr-homepage
No hay comentarios:
Publicar un comentario