À l’occasion de sa première
exposition personnelle dans une institution parisienne, Laure Prouvost propose
une échappée, tant géographique que mentale. Transformant les lieux avec une
scénographie originale dont le dessin global évoque tant un œil grand ouvert
qu’un sein, elle conçoit dans le même temps divers recoins, testant la
curiosité du visiteur et l’invitant à s’y aventurer. Multipliant les points de
vue avec générosité et humour, Ring, Sing and Drink for Trespassing est une ode
aux chemins de traverse et au dépassement des limites, à la joie de se faufiler
à travers un grillage pour découvrir un terrain vague, ou un jardin merveilleux
aujourd’hui abandonné, au fond duquel l’artiste aurait trouvé un laboratoire
biologique dystopique oublié.
Faisant fi de l’accès
habituel, un couloir incurvé invite à pénétrer dans l’espace. D’abord recouvert
de tapisseries, ce couloir se transforme en treillis métallique entrelacé de
branchages et d’éléments hétéroclites (rétroviseurs, framboises, collages,
coupures de presse, vases fessus…) : on passe ainsi d’objets manufacturés à des
traces de forêts – premier signe que la nature reprend ses droits, mais aussi
que le monde extérieur vient se nicher dans les interstices du lieu. L’artiste
sort aussi de sa zone dédiée pour disséminer ses étranges messages ailleurs
dans le bâtiment : « IDEALLY THIS PLANT WOULD GROW BOOBS AND PRODUCE MILK »
[Idéalement cette plante aurait des seins et produirait du lait], « IDEALLY
HERE WOULD BE A SMALL CRACK IN THE WALL YOU COULD PASS THROUGH » [Idéalement
ici se trouverait une fissure dans le mur que vous pourriez traverser]…
« En tant qu’artiste j’aime
souvent perdre le contrôle, faire simplement allusion à certaines choses, afin
que chacun puisse se faire sa propre interprétation. Le spectateur doit
lui-même trouver du sens à son environnement et utiliser son imagination. Je
joue avec l’idée d’être emporté dans des lieux dont on ne pourra peut-être pas
revenir. » Laure Prouvost
LAURE PROUVOST
Laure Prouvost est née à
Justelieu (France) en 1961, avant de s’installer à Londres où elle étudie au
Central Saint Martins College puis au Goldsmith College. Lauréate du Max Mara
Art Prize en 2011 et du Turner Prize en 2013, elle vit aujourd’hui entre
Londres, Anvers et une caravane dans le désert croate.
Son oeuvre prend la forme
d’histoires indépendantes qui se recoupent et se répondent, où la fiction se
mêle à la réalité. Ces situations deviennent des installations immersives qui
invitent à l’évasion et dans lesquelles dialoguent films, sculptures,
peintures, tapisseries, performances ou fragments de récits, parfois adressés
directement au visiteur. Généreux et plein d’humour, son travail examine les
relations entre langage, image et perception, plaçant le visiteur dans des
situations de doute et d’incompréhension, mais aussi d’émerveillement, tant
intellectuel que sensoriel.
L'artiste représentera la
France à la 58e Biennale d’art de Venise en 2019. Elle a bénéficié de
nombreuses expositions personnelles à l’international, dont récemment au Walker
Art Center (Minneapolis, 2017), au Pirelli Hangar Bicocca (Milan, 2016), à
Fahrenheit (Los Angeles, 2016) ou à la Haus der Kunst (Munich, 2015) ; mais
aussi en France au Consortium (Dijon, 2016) et au musée de Rochechouart (2015).
Parmi les expositions collectives récentes auxquelles elle a participé, on peut
citer la 13e Biennale de la Baltique (Vilnius, 2018), « Speak » à la Serpentine
Gallery (Londres, 2017), « Practising habits of the day » à l’ICA (Singapour,
2016) ou « Hybridize or Disappear » au National Museum of Contemporary Art -
Museu do Chiado (Lisbonne, 2015).
Laure Prouvost est
représentée par les galeries Nathalie Obadia (Paris / Bruxelles), carlier |
gebauer (Berlin) et Lisson Gallery (Londres / New York).
http://www.palaisdetokyo.com/fr/evenement/laure-prouvost-0
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