Sandrine Bajos
Dans une semaine
s’ouvrira à la Grande Halle de la Villette l’exposition « Toutânkhamon, le
trésor d’un pharaon ». Nous avons assisté à l’ouverture des premières caisses
des chefs-d’œuvre. Magique.
La salle est
immense, sombre et haute de plafond. Un peu partout, des caisses, des cloisons
posées à même le sol et quelques vitrines encore vides. Puis tout à coup, des
portes battantes s’ouvrent laissant apparaître un trésor, une merveille. Posée
sur un petit chariot, une statuette de bois plaquée de feuilles d’or
représentant le jeune pharaon Toutânkhamon sur un esquif, une petite barque,
droit, fier prêt à harponner un poisson, apparaît. L’Égypte et la vallée des
Rois à portée de main, celle d’il y a 3 300 ans, de l’extraordinaire histoire
des Pharaons.
Dans une semaine,
samedi 23 mars, s’ouvrira à la Grande Halle de la Villette (Paris, XIXe),
l’exposition « Toutânkhamon, le trésor d’un pharaon ». Elle s’annonce d’ores et
déjà comme un succès tant les Français ont toujours entretenu un lien
particulier avec l’Égypte et sa fabuleuse histoire.
Délicatement, deux
égyptologues représentants du ministère des Antiquités du Caire - les seuls
autorisés à toucher l’œuvre - aidés des deux régisseurs placent le jeune
Pharaon dans sa vitrine. Le silence est roi. Même l’égyptologue de renom
Dominique Farout, conseiller scientifique de l’exposition, a du mal à cacher
son émotion. « C’est incroyable, c’est magique. C’est un des plus beaux objets
du monde, et surtout l’un des plus fragiles, et il est là devant nous. J’ai tellement
peur aussi qu’il tombe, c’est comme si enfant marchait devant moi sur une corde
raide au-dessus du vide. S’il se passe quelque chose, je fais une crise
cardiaque », lâche l’homme pourtant habitué des fouilles égyptiennes. Son
équipe vient de découvrir la rampe qui expliquerait comment la pyramide de
Khéops a été construite.
« Comme un gamin de dix ans »
L’égyptologue
français qui se souvient avoir vu une dizaine de fois en 1976, l’exposition au
Grand Palais consacré à un autre illustre pharaon Ramsès II, se sent ici «
comme un gamin de dix ans devant ce trésor sans prix ». La tension sera de
courte durée. Comme la sublime figurine d’Horus sous les traits d’un faucon
solaire quelques instants plus tôt, la statuette du jeune roi d’Égypte rejoint
sans encombre sa stèle de verre.
Au total, 150
objets, dont une soixantaine jamais sortis d’Égypte, vont petit à petit prendre
place dans leur écrin de verre. Parmi eux, 27 avaient déjà été exposés lors de
la fameuse exposition parisienne de 1967 au Grand Palais. Avant de rejoindre
Paris, ils étaient exposés à Los Angeles et c’est dans un convoi digne de celui
d’un chef d’Etat que le trésor a traversé l’Atlantique. C’est au groupe
américain IMG, spécialisé dans l’organisation d’événements à gros budget que le
ministère des Antiquités égyptiennes a confié cette tournée mondiale : une
dizaine de villes sur quatre ans ! Un projet énorme à la hauteur de
l’incroyable collection présentée, sur laquelle le groupe « travaille depuis 5
ans », confie Helen Janssen, directrice des événements pour IMG à Paris.
Inestimable, l’ensemble de ces pièces aurait été valorisé auprès des assureurs
à 1 milliard de dollars.
Une figurine d’Horus
sous les traits d’un faucon solaire./LP/Guillaume Georges
Trois semaines pour monter l’exposition
Pour passer de ville
en ville, les statuettes, lits funéraires et autres merveilles ont été
transportées par l’américain Fedex qui s’était déjà chargé de faire venir les
pandas chinois en France. De Los Angeles, les œuvres égyptiennes ont voyagé
dans un Boeing 777F et elles ont été réparties dans 20 caissons réalisés sur
mesure, soit 14 tonnes de marchandises. À convoi exceptionnel, organisation
exceptionnelle. « Les caisses ont été disposées loin des portes au centre de
l’avion car il fallait absolument que la température soit stable en 20 et 22
degrés », explique Mathilde Goffard, responsable chez FedEx France. Et de
préciser que les caisses étaient bien sûr scellées et qu’un commissaire
égyptien ne les a pas lâchées des yeux une seconde.
Une fois arrivé sur
le Vieux continent, il se dit que l’avion n’aurait pas atterri en France où les
formalités douanières étaient trop compliquées. Les caisses ont été embarquées
par camion et sous haute sécurité en direction de l’Est parisien. Mais là
encore, il faudra être patient avant de sortir ces icônes de leur sarcophage. «
Il est obligatoire d’attendre 48 heures avant de les ouvrir afin de s’assurer
que l’hygrométrie (le degré d’humidité) des lieux soit parfaite », explique
Helen Janssen. « Pour monter l’exposition, il faut compter trois semaines et
deux pour la désinstaller, poursuit-elle. »
À J-7 de l’ouverture
de cette exposition, l’excitation est à son comble. Mais la confiance règne. «
On pense qu’on aura déjà 150 000 billets vendus d’ici samedi prochain », se
félicite Helen Janssen.
http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/exposition-toutankhamon-est-bien-arrive-a-paris-16-03-2019-8032974.php
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