Par Katharina Rabillon &
Stéphanie Lafourcatère
Quand on dit
Puccini, on pense immédiatement à l'opéra. Pourtant, sa première œuvre majeure
est une pièce de musique sacrée : la "Messa di Gloria". L'Orchestre
symphonique de Londres et le ténor Benjamin Bernheim l'ont interprétée
récemment au Barbican Center, sous la direction d'Antonio Pappano.
Le nom de Puccini
évoque immédiatement l'opéra. Pourtant, la première partition majeure qu'il a
composée n'est autre qu'une messe : l'audacieuse et colorée "Messa di
Gloria". Une œuvre récemment interprétée par l'Orchestre symphonique de
Londres et son ch0156ur et le ténor français Benjamin Bernheim au Barbican
Centre, institution culturelle de la capitale britannique, sous la direction
d'Antonio Pappano.
"C'est déjà du
Puccini"
"La "Messa
di Gloria" n'est pas une œuvre de maturité," reconnaît le chef d'orchestre
britannique d'origine italienne avant d'ajouter : "Mais pour moi, c'est ce
qui lui donne son charme."
"C'est un
travail de jeunesse, mais il est évident que c'est déjà du Puccini,"
estime Antonio Pappano. "Puccini est issu d'une lignée d'organistes et de
maîtres de chœur, mais il y a eu ce voyage où il a assisté à la représentation
d'Aïda de Verdi et c'est ce qui a changé sa vie," poursuit-il. "Aïda
était une œuvre tellement nouvelle avec un langage musical plus exotique qui a
séduit Puccini," fait-il remarquer.
Après cette
expérience, Giacomo Puccini a décidé de suivre les traces de son héros Verdi et
de composer uniquement des opéras. Cette œuvre de 1880 est la seule messe qu'il
a composée dans sa vie.
Un "retour aux
sources" pour Benjamin Bernheim
L'éblouissant ténor
Benjamin Bernheim a un lien particulier avec cette partition de jeunesse de
Puccini.
"C'est très
drôle parce que c'est l'une des premières œuvres que j'ai chantée : j'étais
alors un bébé ténor," indique-t-il. "C'était ma première expérience
en présence d'un public, aux côtés d'un orchestre en tant que soliste, donc
c'est un retour aux sources et je vois la différence entre ma performance
vocale d'il y a quinze ans et celle d'aujourd'hui : c'est un autre monde,"
estime-t-il dans un sourire.
Au cœur de cette
messe, figure le Gloria qui comporte un magnifique solo pour ténor
("Gratias agimus tibi"). Antonio Pappano évoque ce passage devant un
piano : "Est-ce que ça, c'est lyrique ? Pas vraiment. On est dans un
entre-deux," déclare-t-il après avoir joué quelques notes. Il continue en
indiquant : "Cette phrase devient plus lyrique quand il monte comme
cela," décrit-il avant de reconnaître : "Il essaie vraiment d'être
dans la liturgie, mais évidemment, au fond de lui, il est déjà un homme de
théâtre."
"Sourire de la
musique"
Benjamin Bernheim
renchérit : "Il y a beaucoup de joie là-dedans et on le fait vraiment avec
le plus d'émerveillement possible." Puis il fait remarquer :
"D'ailleurs, c'est ce qu'on dit, c'est une messe de gloire et non pas une
messe de mort ou de requiem : on est vraiment dans quelque chose de
lumineux."
"Elle se
termine par une sorte de sourire de la musique," décrit le chanteur.
"On s'attend à ce que quelque chose se passe et c'est la fin : c'est
quelque chose de magnifique," s'enthousiasme-t-il.
"On a
l'impression que la musique s'évapore : je trouve cela charmant," conclut
Antonio Pappano, enchanté.
L'Agnus Dei qui
vient clore la messe est d'ailleurs un chant marquant pour Giacomo Puccini
lui-même : le compositeur l'a repris plus tard dans le deuxième acte de son
célèbre opéra "Manon Lescaut". Il y apparaît sous le titre
"Madrigale" interprété pour amuser l'héroïne en proie à l'ennui.
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