Depuis le plateau
des Glières, Emmanuel Macron a fait le récit héroïque des combats menés par les
maquisards, au premier rang desquels Tom Morel et Maurice Anjot.
Par Anthony Berthelier
POLITIQUE - Il est
l’homme de la devise “vivre libre ou mourir”. Présent ce dimanche 31 mars sur
le plateau des Glières pour commémorer le 75e anniversaire des combats,
Emmanuel Macron -accompagné de Nicolas Sarkozy- a rendu un hommage appuyé au
lieutenant Tom Morel, le chef emblématique de ces maquisards hauts savoyards
mort au combat en mars 1944.
Après “le chant des
partisans” entonné par des enfants, le chef de l’État a salué les 105
résistants inhumés à la nécropole nationale de Morette, à Thônes, ces héros,
qui, “dans la neige” du plateau des Glières, “tenaient un petit bout de France
où ils pouvaient fièrement défendre les valeurs” du pays. Situé dans le massif
des Bornes à 1450 m d’altitude, ce plateau est devenu dès 1944 un haut lieu
symbolique de la Résistance, malgré une récente remise en cause de l’ampleur de
la bataille qui s’y est jouée.
“Ils avaient pris
les armes pour combattre la milice de Pétain et l’armée d’Hitler, non plus dans
l’obscurité épaisse de la nuit, mais dans la clarté terrible du jour et de la
neige”, a notamment fait valoir le président de la République dans un discours
poignant au cours duquel il est revenu en détail sur les batailles et le sang
coulé sur le plateau. De janvier à fin mars 1944, 465 maquisards s’y étaient
regroupés pour recevoir des parachutages d’armes des alliés.
“Tom Morel tombe
d’une balle dans le cœur”
Et le président de
la République de rendre un hommage tout particulier aux deux chefs qui ont mené
cette épopée ”à la fois sublime et tragique”: le lieutenant Tom Morel puis le
capitaine Maurice Anjot sans qui “la France ne serait pas la France.”
Alors que le général
de Gaulle réussit à convaincre Winston Churchill d’armer la résistance
intérieure au cours de l’hiver 1944, “les maquisards vivent leur premier
accrochage avec les groupes mobiles de réserve de la police de Vichy”, raconte
ainsi Emmanuel Macron avant de poursuivre:
“Les hommes des
Glières se défendent (...), mais les armes manquent. Les premiers parachutages
se révèlent vite insuffisants. Le refuge du plateau menace de se transformer en
piège. Il faut gagner du temps, prendre l’initiative. Dans la nuit du 9 au 10
mars, 150 maquisards commandés par Tom Morel descendent à Entremont pour
neutraliser les groupes mobiles de réserve. L’opération est un succès. Les
hommes des Glières font 60 captifs”, relate le chef de l’État avant de
trancher: “mais Tom Morel tombe d’une balle dans le cœur.”
Ce jeune soldat de
28 ans, issu d’une famille lyonnaise catholique aisée, est “enterré par ses
troupes dans la solennité des montagnes.” “Il ne verra pas le nouveau
parachutage qui le lendemain largue 60 tonnes de matériel et tout son poids
d’espoir”, raconte encore Emmanuel Macron.
“Une incarnation du
patriotisme français”
Quatre ans
auparavant, celui qui était encore le lieutenant du 27e bataillon de chasseurs
alpins d’Annecy, était décoré de la Légion d’honneur pour ses faits d’armes
lors de combats contre les Italiens. Il rejoint dès 1942 la France occupée et
entre dans une clandestinité qui l’entraînera quelques mois plus tard à
organiser la réception des parachutages sur le plateau des Glières.
Bien avant Emmanuel
Macron, nombreux sont les chefs de l’État français à avoir salué la mémoire du
chef des maquisards savoyards. Le premier d’entre eux, le général de Gaulle lui
décerne même la croix de Libération à titre posthume, quelques mois après sa
mort. Il “restera dans l’épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme
français”, est-il écrit à son sujet dans le journal officiel du 22 novembre
1944.
“Déjà fait chevalier
de la Légion d’honneur à vingt-quatre ans pour avoir capturé une compagnie
italienne sur le front des Alpes en juin 1940. Instructeur à Saint-Cyr en
novembre 1942, a aiguillé ses élèves vers la Résistance, s’est lancé lui-même
corps et âme dans la lutte contre l’envahisseur, agissant tour à tour comme
camoufleur de matériel, agent de renseignements, propagandiste. Démasqué par
l’ennemi, s’est jeté avec une immense foi dans le maquis savoyard. Sans arme, a
attaqué en combat singulier un officier allemand qu’il a réduit à
l’impuissance. Devenu chef du bataillon des Glières, a été l’âme de la
Résistance du Plateau, son chef et son organisateur. Le 9 mars 1944, après
avoir enlevé d’assaut le village d’Entremont, a été assassiné lâchement au
cours d’une entrevue qu’il avait demandée à ses vaincus pour épargner une
effusion inutile de sang français. Restera dans l’épopée de la Résistance une
incarnation du patriotisme français et l’un des plus prestigieux martyrs de la
Savoie.”
Soixante-quinze ans
plus tard, le président de la République a donc une nouvelle fois salué la
mémoire de ce combattant, tout comme celle de son successeur au plateau des
Glières, le capitaine Maurice Anjot. Cet autre héros s’est proposé de lui-même
pour prendre le commandement aux Glières, alors que la situation était perdue.
“Jai décidé de monter au plateau. Je sais que je n’en reviendrai pas. Ma vie
importe peu si je peux sauver celle des autres”, aurait-il déclaré alors à ses
compagnons avant de rejoindre le plateau pour y mourir le 27 mars 1944.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/tom-morel-plateau-des-glieres_fr_5ca0a37ce4b00ba6327e63e6?utm_hp_ref=fr-homepage
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