D´une baraque de
prisonniers au masque à gaz d’un soldat nazi, des centaines d’objets sortent de
Pologne pour la première exposition internationale itinérante, qui démarre à
Madrid, consacrée au camp d’extermination d’Auschwitz où moururent 1,1 million
de personnes entre 1940 et 1945.
De véritables lettres
jetées des trains. Un wagon du même modèle que ceux ayant servi à acheminer les
victimes. Un morceau de la clôture électrique du camp. Des dessins de
prisonniers conservés dans une bouteille cachée dans le camp. Les chaussures
minuscules d’un enfant…
Le visiteur se trouve
soudain touché par un de ces objets, en particulier.
L’exposition « Auschwitz,
il n’y a pas si longtemps, pas si loin » a débuté vendredi dans la capitale
espagnole et y reste jusqu’au 17 juin, avant de se poser dans une douzaine de
villes d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie (dont la liste n’a pas encore
été communiquée).
Auschwitz-Birkenau – le
plus grand des camps de concentration, de travail forcé et d’extermination
construits par l’Allemagne nazie en Pologne occupée – a été libéré il y a 72
ans.
Un petit sabot en bois
sculpté qui appartenait autrefois à une femme déportée par les nazis au camp
d’extermination d’Auschwitz a été retrouvé après plus de 70 ans, le 20 octobre
2016 (Crédit : AFP PHOTO / HO)
L’an dernier, deux millions
de personnes l’ont visité, comme le symbole de la Shoah, terme hébreu pour «
anéantissement » qui désigne l’extermination des Juifs.
Mais tout le monde ne peut
pas faire ce voyage. Et les rescapés disparaissent, tel le Hongrois Imre
Kertesz – prix Nobel de littérature, mort l’an dernier – qui y avait été
déporté à 15 ans.
« Il est très important
qu’Auschwitz sorte dans le monde », dit à l’AFP Luis Ferreiro, directeur du
projet et dirigeant de la société espagnole Musealia qui l’a conçu avec une
équipe d’experts dirigée par l’historien néerlandais Robert Jan van Pelt.
« C’est la première fois
qu’une importante collection d’objets originaux sort du musée national
Auschwitz-Birkenau et quitte la Pologne pour une exposition itinérante », dit
M. Ferreiro et « la plupart des objets exposés n’ont jamais été présentés
publiquement ».
D’autres institutions et
collectionneurs privés de différents pays ont également collaboré.
Documentée, didactique,
l’exposition rend notamment compte du processus de sélection des victimes. Le
médecin nazi Josef Mengele assistait à l’arrivée des trains pour « chercher des
jumeaux » à utiliser pour ses expériences mortelles, dit le texte.
Le médecin nazi Josef
Mengele lorsqu’il était jeune médecin et la rampe d’accès à Auschwitz-Birkenau
en mai 1944, où Mengele a parfois sélectionné des détenus pour des expérimentations
(Crédit : Domaine public)
Une table d’opération en
témoigne, même si on ne peut « dire avec certitude que c’est celle qu’utilisait
Mengele », dit M. Ferreiro.
Comment montrer les
chambres à gaz ?
« Chaque chose a fait
l’objet d’un débat sur la meilleure façon de l’exposer », explique Fernando
Arlandis, coordinateur des expositions au Centre Arte Canal de Madrid.
« Il était possible de
reconstituer une chambre à gaz, que le visiteur y entre comme par jeu, du genre
‘je suis dans une chambre à gaz’. On n’a pas voulu faire ça mais montrer les
preuves physiques de ce qui s’est passé », dit-il.
Au mur, apparaissent des
phrases d’un commandant SS d’Auschwitz, Rudolf Hoss disant en 1946 : « J’ai
observé les morts dans la baraque II, protégé par un masque à gaz. En fait, la
première exécution au gaz ne m’a pas tellement marqué ».
Boites de Zyklon-B,
exposées à Auschwitz (Crédit photo : CC BY Jaysmark, Flickr)
Un masque à gaz « utilisé à
Auschwitz » semble alors parler de lui-même, à côté d’une boîte de Zyklon B, le
pesticide à base de cyanure utilisé pour les exécutions de masse.
Les dessins du prisonnier
polonais Jan Komski (1915-2002) témoignent des crémations des corps, des
violences: l’un d’eux représente un « kapo » nazi monté sur une carriole, tirée
par des prisonniers qu’il fouette.
Dans une autre salle,
apparaît une des baraques en bois où s’entassaient les prisonniers, tout
récemment achetée à un Polonais.
Un million de Juifs ont
péri à Auschwitz à partir de 1940.
Mais aussi des Polonais,
des tziganes, des prisonniers de guerre soviétiques et d’autres nationalités,
et des personnes considérées comme « éléments indésirables » par le Troisième
Reich d’Adolf Hitler, tels les homosexuels.
« On ressent une présence
croissante du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie » actuellement, a
dit à Madrid l’historien polonais Piotr M. A. Cywinski, directeur du musée
d’Auschwitz, assurant que « cette exposition, en ce moment particulier, peut
jouer un rôle crucial pour nos écoles, nos sociétés ».
La visite est gratuite pour
tous les élèves d’Espagne.
http://fr.timesofisrael.com/auschwitz-raconte-par-ses-objets-dans-la-premiere-exposition-itinerante-hors-de-pologne/?utm_source=A+La+Une&utm_campaign=c7ff15205d-EMAIL_CAMPAIGN_2017_12_03&utm_medium=email&utm_term=0_47a5af096e-c7ff15205d-55586581
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