21 juin - 10 novembre 2014
MUSÉE NATIONAL DE
PRÉHISTOIRE
Il y a 150 ans, en mai
1864, une découverte extraordinaire de cinq fragments d'ivoire gravés, provenant
de l’abri de la Madeleine à Tursac (Dordogne) a bouleversé les connaissances
acquises jusqu'alors sur le passé de l'Humanité.
Au milieu du XIXe
siècle, l’antiquité de l’Homme et ses capacités cognitives sont autant de sujets
qui agitent les milieux intellectuels. Dès 1863, des découvertes majeures sont
réalisées, qualitativement comme quantitativement dans la vallée de la Vézère,
sous l'impulsion de savants et d'amateurs éclairés. Ils vont révéler à la
science et au public des séries exceptionnelles d’œuvres d’art sur support
mobilier. Mais ce sont bien les fragments d'ivoire de la Madeleine, gravés d'un
mammouth détaillé et soigné, qui vont orienter définitivement les débats.
L'association du sujet
et du support offre aux sceptiques et à l’Académie la preuve indubitable de la contemporanéité
de l'homme préhistorique et des espèces disparues. Dans cet environnement intellectuel
progressiste et positiviste, les objets d'art deviendront bientôt les
porte-étendards de la s cience préhistorique.
Les méthodes de
fouilles (pelles, pioches...) ne permettent pas une reconnaissance fine des
stratigraphies et des couches, mais le matériel découvert assoit définitivement
l'importance de ces sites, à tel point que la Madeleine devient le site éponyme
d'une culture répandue sur tout le continent européen. À la fin du XIXe siècle
et au début du XXe siècle, de nombreux chercheurs, passionnés, collectionneurs
mais aussi marchands plus ou moins bien intentionnés continuent de fouiller
dans les gisements : les collections sont aujourd'hui réparties à travers le
monde, dans de très nombreuses institutions qui les ont acquis au fil du temps Les
sites majeurs de La Madeleine et de Laugerie-Basse, voisins dans leur
géographie comme dans leur stratigraphie, constituent le cœur de l’exposition
présentée au Musée national de Préhistoire et prolongée par une autre
exposition au Musée d'Art et d'Archéologie du Périgord.
Les proximités et les
dissemblances de ces deux ensembles sont évoquées, pour une large période chronologique
qui se développe de 15 000 ans à 12 000 ans environ avant aujourd'hui.
Des collections
prestigieuses sont présentées au public, comme celles d'Edouard Lartet et
d'Henri Christy, conservées au Musée d'Archéologie Nationale de St Germain en
Laye et au British Museum de Londres. Mais au-delà des véritables chefs-d’œuvre
présentés, cette exposition est aussi l'occasion de s'interroger sur la culture
magdalénienne, qui tire son nom de l'abri de la Madeleine, et qui est notamment
célèbre pour les grottes ornées de Font-de-Gaume, de Rouffignac ou encore de
Combarelles qui lui sont attachées. Cette profusion dans l'expression
artistique
correspond-elle à un mode de vie aux ressources abondantes dans lequel l'art
serait un loisir, social ou individuel? Ou s'agit-il d'une réponse sociétale à
un univers en crise, aux ressources changeantes et incertaines?
No hay comentarios:
Publicar un comentario