miércoles, 8 de agosto de 2018

UN BIOPIC SORT SUR MARY SHELLEY, MAIS L'AUTEURE DE "FRANKENSTEIN" N'EST PAS LA SEULE FEMME À AVOIR MARQUÉ LA LITTÉRATURE DE SCIENCE-FICTION


Si Mary Shelley est une pionnière, d'autres femmes après elle ont ajouté leur pierre à l'édifice.
Par Marcus Dupont-Besnard


PYRAMIDE DISTRIBUTION
Elle Fanning incarne Mary Shelley, l'auteure de "Frankenstein", dans un biopic sur la jeunesse de l'écrivaine.

LIVRES - Deux siècles après son roman culte, l'auteure de "Frankenstein ou le Prométhée moderne" sera à l'honneur sur grand écran, ce mercredi 8 août, dans un biopic sur sa jeunesse.

Mary Shelley a durablement marqué la culture populaire. Son oeuvre est même considérée comme pionnière pour la littérature de science-fiction. Mais elle n'est pas la seule femme à avoir marqué le genre avec sa plume.

Trop souvent invisibilisées, ces écrivaines n'ont pourtant rien à envier à Isaac Asimov, Robert Heinlein ou George Orwell. Elles sont, comme eux, des grands noms de la littérature SF.

Ursula Le Guin et Joanna Russ, fers de lance d'une SF politique et féministe

Après Mary Shelley, c'est probablement Ursula Le Guin qui a le plus marqué la science-fiction. Elle a osé aborder des thématiques politiques révolutionnaires. Son roman "Les Dépossédés", qui explore la possibilité d'une planète au régime anarchiste, a remporté en 1974 les prix Hugo, Nebula et Locus, soit les trois récompenses les plus prestigieuses de cette littérature.

L'approche féministe qui caractérise souvent les romans d'Ursula Le Guin est considérée comme largement avant-gardiste. "La main gauche de la nuit", publié en 1969, embarque les lecteurs sur une planète où le genre biologique n'existe tout simplement pas. On y trouve ni hommes ni femmes, les êtres humains y sont androgynes et adoptent des caractéristiques féminines ou masculines par intermittence, selon les besoins.

Dans ce même registre, la romancière Joanna Russ a écrit, quelques années plus tard, une pièce maîtresse de la SF féministe: "L'autre moitié de l'homme". Cet ouvrage imagine la disparition future des hommes suite à un mystérieux virus, générant alors une civilisation reconstruite exclusivement par des femmes. L'une d'elles va remonter dans le temps dans les années 1960. La confrontation entre les deux époques donne lieu à une puissante critique du patriarcat et du sexisme.

Lois McMaster Bujold, reine du "space opera"

Le "space opera" est la catégorie la plus ancienne et la plus populaire de la SF. Elle se caractérise par des épopées spatiales teintées d'enjeux géopolitiques ou scientifiques de grande envergure (à l'image de Star Wars ou Star Trek). L'américaine Lois McMaster Bujold est à l'origine d'un classique du genre: la saga "Vorkosigan".

Ce cycle a reçu trois prix Hugo du "meilleur roman", et un quatrième pour le "meilleur roman court", ce qui constitue un record absolu pour une saga de science-fiction. Et pour cause, son oeuvre est d'une richesse littéraire rare: sur une vingtaine de romans et nouvelles, l'écrivaine décrit des empires recouvrant plusieurs systèmes planétaires, des cultures différentes et uniques sur chaque planète, des batailles spatiales grandioses, des personnages à la psychologie ultra-détaillée et des stratégies politiques complexes.

Katharine Burdekin: la dystopie anti-totalitaire bien avant "1984"

Avec "1984", George Orwell a écrit le roman dystopique anti-totalitaire le plus réputé de l'histoire. Mais une femme, dont le nom vous sera probablement inconnu, avait été encore plus visionnaire.

En 1937, la britannique Katharine Burdekin publie "Swastika Night". Deux ans avant le début de la Seconde guerre mondiale, et alors que peu de personnages publics n'osaient encore pronostiquer l'éclatement d'un conflit mondial, l'écrivaine se propulse 700 ans après une hypothétique victoire militaire d'Hitler sur l'Europe. Le régime nazi qu'elle décrit a commis le génocide ultime envers le peuple juif, et les "étrangers" sont réduits à l'état d'esclaves. Les femmes sont quant à elles dépourvues de la moindre liberté, réduites à un rôle de procréation. Le monde n'est plus que propagande idéologique et terreur.

Avec une clairvoyance prédictive impressionnante, Katharine Burdekin est celle qui a eu le courage d'écrire la première dystopie d'anticipation osant dénoncer la violence et les crimes du totalitarisme nazi.

https://www.huffingtonpost.fr/2018/08/07/un-biopic-sort-sur-mary-shelley-mais-lauteure-de-frankenstein-nest-pas-la-seule-femme-a-avoir-marque-la-litterature-de-science-fiction_a_23496872/?utm_hp_ref=fr-homepage

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