Un dommage collatéral de
l'opération mains propres menée par le réseau social.
Par Romain Herreros
RÉSEAUX SOCIAUX - La lutte
contre l'ingérence Russe dans les affaires politiques américaines peut avoir
des conséquences inattendues. Alors que Facebook s'est donné pour mission de
nettoyer le réseau social des faux comptes et autres pages factices accusés de
vouloir manipuler l'opinion publique américaine, un événement nourrissant un
projet bien différent a été emporté par le même coup de balai.
Comme le rapportent nos
confrères du HuffPost américain jeudi 2 juillet, un rassemblement organisé par
de "vrais" citoyens américains a tout bonnement été supprimé par le
réseau social. Le nom de cet événement: "No Unite the Right 2-DC".
Le problème, c'est que
celui-ci, organisé par des groupes anti-racistes et auquel plus de 600
personnes avaient répondu présent, appelait à une contre-manifestation entre
les 10 et 12 août à Washington, où est prévu à la même période le rassemblement
suprémaciste blanc "Unite the Right", un an après celui de
Charlottesville.
Comportement suspect
L'événement "No Unite
the Right 2 - DC" a été créé sur Facebook par une page intitulée
"Resisters", dont l'activité principale consistait à relayer des
contenus anti-Trump et féministes. Une coalition d'activistes locaux réunis sur
la page 'Shut It Down DC" a ensuite pris en charge la planification de ce
contre-rassemblement, en qualité de co-organisateur sur le réseau social.
Or selon Facebook, la page
"Resisters" présentait des "comportement identiques" à ceux
des pages qui sont dans son collimateur. Considérée comme factice par la firme
de Mark Zuckerberg, cette page a donc été supprimée, entraînant automatiquement
la suppression de cette contre-manifestation dont elle avait été à
l'initiative.
"Invraisemblable et
irresponsable"
"L'idée selon laquelle
cette contre-manifestation légitime aurait été organisée par des bots russes,
c'est invraisemblable et c'est même irresponsable de le laisser penser",
déplore auprès du HuffPost américain Andrew Batcher, l'un des administrateurs
de la page "Shut It Down DC".
Sur Twitter, Dylan
Petrohilos, l'un des co-organisateurs, a également fait part de son effarement:
"je n'arrive pas à croire que je suis obligé de dire ça : la
contre-manifestation n'est pas organisée par les Russes. Nous avons obtenu les
autorisations à Washington, nous avons différentes organisations qui
travaillent sur ce rassemblement. Facebook a supprimé l'événement parce qu'une
page était fausse".
La colère de ces militants
est d'autant plus forte que les preuves fournies par Facebook concernant la
page "Resisters" sont plutôt minces. Le réseau social affirme avoir
identifié parmi les administrateurs de la page un compte lié à l'organisation
d'influence russe "Internet Research Agency". Durée de cette
co-administration: sept minutes.
Autre élément fourni par
Facebook, plusieurs habitués de la page utilisaient des VPN (logiciel qui
masque l'adresse IP ndlr), pour "cacher leur identité". Or, beaucoup
d'activistes sur Internet ont recours à ce type d'outils pour se protéger.
Sur Twitter, un
cyber-militant de gauche (et co-administrateur de "Resisters") a
expliqué avoir été contacté par une administre de la page, dont le compte lui a
paru suspect par la suite. "Je crois que ce compte là était faux, mais pas
la page et tous ses administrateurs", assure-t-il.
En attendant, la pilule est
vraiment dure à avaler pour les organisateurs. "Facebook nous utilise
comme pion pour essayer de montrer aux Républicains qu'ils ne sont pas
focalisés contre la droite", juge Dylan Petrohilos. Et de rappeler les
récentes polémiques auxquelles les réseaux a été confronté: "Facebook
supprime pas des pages d'extrême droite organisant la haine, mais ils
suppriment ceux qui essaient de la contrer".
https://www.huffingtonpost.fr/2018/08/02/comment-facebook-a-supprime-un-evenement-anti-raciste-prevu-aux-etats-unis_a_23494973/?utm_hp_ref=fr-homepage
No hay comentarios:
Publicar un comentario