du 16 octobre 2014 au 22 mars 2015
C’est le 5 décembre 1910 que
commence la destruction de l’hôtel particulier du comte et de la comtesse
Nissim de Camondo, 63 rue de Monceau. Achevé en 1864 pour un entrepreneur de
travaux publics, M. Violet, il fut l’une des premières constructions sur
le parc Monceau. Nissim de Camondo l’acheta en 1870, peu après son installation
en France. Il le fit agrandir et embellir par l’architecte Denis-Louis Destors,
décorer et meubler suivant la mode de son temps en mêlant les époques et les
styles. En juin 1910, Moïse de Camondo, son fils unique, hérita de cette
demeure familiale dans laquelle sa mère, veuve depuis vingt et un ans, venait
de s’éteindre.
Fig. 1 : Le musée Nissim de Camondo, façade sur la cour d’honneur
2012
© Les Arts Décoratifs, Paris / photo : Luc Boegly
© Les Arts Décoratifs, Paris / photo : Luc Boegly
Moïse de Camondo a alors cinquante ans. Collectionneur depuis le début
des années 1890, il est passionné par le XVIIIe siècle français.
Vers 1900, sa collection est déjà une référence pour les arts décoratifs de
l’époque Transition et du règne de Louis XVI qui représentent, selon ses
propres termes, « une des gloires de la France durant la période [qu’il a]
aimée entre toutes ». Jusqu’alors installé en location, il réside depuis
1899 au 19, rue Hamelin dans un vaste hôtel particulier nouvellement édifié.
C’est sans doute dans ce cadre décoré et aménagé suivant ses goûts, premier
réceptacle de ses œuvres d’art, qu’il mûrit le projet d’une construction qui
soit l’écrin parfait et définitif de ses collections, tout en répondant aux
exigences du confort moderne (fig. 1).
Pour cet homme collectionneur et esthète, mais aussi raffiné et
exigeant, la poursuite de son projet de « reconstitution d’une demeure
artistique du XVIIIe siècle » passe par la destruction de
l’habitation Napoléon III de sa jeunesse.
Pour donner forme à son rêve de bâtisseur, il fait appel à René
Sergent (1865-1927) (fig. 2), qui a été pendant quinze ans le
collaborateur d’Ernest Sanson, architecte de la haute société dont la
réalisation la plus célèbre est le Palais rose construit entre 1896 et 1902
pour le comte Boniface de Castellane, d’après le Grand Trianon. René Sergent
possède une vaste connaissance de l’architecture classique et s’est fait une
spécialité du « néo-Louis XVI ». Il excelle dans la construction
d’hôtels particuliers confortables, inspirés de l’œuvre d’Ange-Jacques Gabriel.
Ses réalisations sont nombreuses avant la Première Guerre mondiale. Il
construit à Buenos Aires, New York, Santa Fé, Londres et Paris, où il édifie
notamment place Vendôme l’hôtel d’exposition des frères Duveen, célèbres
marchands de mobilier du XVIIIe siècle. Il réaménage également de
grands hôtels de voyageurs comme le Savoy ou le Claridge à Londres, et
construit à Versailles en 1910 le célèbre Trianon Palace.
Une fois le projet de René Sergent accepté par le comte de Camondo,
les ouvriers d’une quarantaine de corps de métiers se sont succédé sur le
chantier pendant trois ans et plus de deux millions de francs-or [1]
ont été dépensés pour construire ce nouvel hôtel particulier où le sens du
détail, le raffinement et le goût du confort reflètent la personnalité de son
commanditaire.
Moïse de Camondo, ses deux enfants Nissim et Béatrice ainsi qu’une
vingtaine de domestiques, s’y installent pendant l’été 1913. Au printemps 1914,
tout est prêt et plusieurs réceptions sont données pour fêter l’achèvement de
la demeure.
Il était donc opportun de célébrer en 2014 les cent ans de celle-ci.
Des études approfondies [2] et la réhabilitation partielle des espaces de
service en 1999 en ont révélé la perfection et les secrets. Cette exposition
présente l’histoire de la construction de l’hôtel à travers la chronologie du
chantier, d’une part, et de montrer la collaboration féconde et le dialogue
constant qui ont existé entre l’architecte et son commanditaire, d’autre part.
Divers témoins matériels et beaucoup de documents d’archives nous sont
parvenus : tout d’abord les plans de l’hôtel par René Sergent, mais aussi
les listes d’entrepreneurs et les états de paiement qui permettent de suivre
l’avancement des travaux. Certains devis extrêmement détaillés et des échanges
écrits nous éclairent, en outre, sur le déroulement et la conduite de
l’aménagement intérieur.
http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/accueil-292/une-486/francais/nissim-de-camondo/actualites-967/actuellement-1098/le-centenaire-de-l-hotel-camondo/
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