Octave rencontre Vladimir
Jurowski et poursuit ses rendez-vous réguliers avec le journal de Boris
Godounov ; Don Pasquale, incarné par Michele Pertusi, fait sa première
apparition à l’Opéra de Paris et Sondra Radvanovsky évoque un long
compagnonnage avec Verdi et le personnage de Leonora dans Le Trouvère. Autour
de La Fille mal gardée, Octave pose ce mois-ci un regard historique sur le
costume de danse pour homme.
Journal de Boris Godounov
Dans les ateliers de
costumes de l’Opéra Bastille — Par
Alexandre Lacroix
L’opéra, un art total ? À
l’occasion de la nouvelle production de Boris Godounov à l’Opéra Bastille et
pour savoir si cette définition, héritée du romantisme allemand, est toujours
d’actualité, Alexandre Lacroix – écrivain, directeur de la rédaction de
Philosophie Magazine - est allé à la rencontre de tous les métiers et
sensibilités qui contribuent à la création d’un spectacle d’opéra – dramaturge,
metteur en scène, chef d'orchestre, scénographe, chanteurs, musiciens,
costumiers, éclairagistes… Ce « Journal de Boris Godounov » sera complété par
de nouvelles livraisons jusqu’à la Première du chef-d’œuvre de Modeste
Moussorgski dans une mise en scène d’Ivo Van Hove.
En partenariat avec
Philosophie Magazine.
Troisième rencontre
Pourquoi avons-nous tant
d’images d’Épinal en tête ? Et de si désuètes ? Avant de rencontrer
Jean-Bernard Scotto, je croyais que les tenues avec lesquelles jouent les
chanteurs d’opéra étaient d’abord dessinées par un styliste, au crayon à papier
et à l’aquarelle, et que des armées d’habiles couturiers aux doigts ferrés les
déclinaient ensuite en patrons, puis en réalités de tissu. Mais le chef du
service couture de l’Opéra Bastille me détrompe : « Non, non, les aquarelles,
c’était au XIXe siècle ! Il y a longtemps que plus personne ne dessine, ou si
rarement… » Les tenues sont-elles alors esquissées à l’ordinateur, sur des
tablettes graphiques ? « Même pas ! Le processus est beaucoup plus artisanal,
plus empirique. »
Pour Boris Godounov,
Jean-Bernard Scotto a reçu de la part de la costumière, An D’Huys, un dossier
avec des images découpées dans des magazines et des reproductions des œuvres de
Craigie Horsfield, un photographe anglais. Il a fourni un faisceau
d’intentions, les premières sources d’inspiration. Tout se fait ensuite par chinage,
par tâtonnement. Jean-Bernard Scotto et ses assistants se rendent souvent dans
une grande friperie à Rouen, ainsi que dans la boutique Kilo Shop, rue de la
Verrerie à Paris. Ils achètent, par sacs, des vieilles fringues, costumes
dépareillés, chemises de soie, vestes, manteaux, gilets déjà portés… De toute
façon, une fois à l’atelier, tout est possible : teindre un vêtement dans une
nouvelle couleur, le rafistoler ou au contraire l’user davantage, changer la
taille de la ceinture, l’ourlet ou les manches… Les vêtements, dans le monde du
spectacle vivant, sont comme une matière première, une glaise. Il s’agit de la
pétrir, non pas sur un tour de potier, mais directement sur le corps des
interprètes, en rectifiant ici un col, là un pli… Les créations ex nihilo sont
rarissimes…………..
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