miércoles, 24 de octubre de 2018

LES MAÎTRES DE L'ESTAMPE JAPONAISE MODERNE À L'HONNEUR À PARIS

C’est l’une des collections privées parmi les plus étonnantes, plus de 2.000 estampes japonaises du XXe siècle réunies avec passion par la Néerlandaise Elise Wessels dans son musée privé d’Amsterdam. La Fondation Custodia en présente plus de 200 d’une cinquantaine d’artistes, parmi lesquels de véritables stars dans leur pays, méconnus en Occident. Une révélation.

La pointe noire de son pinceau se détache sur le fond rouge. Vermillon comme sa bouche soigneusement dessinée sur sa peau diaphane. Cette Femme se noircissant les sourcils d’Itō Shinsui a séduit ses contemporains en 1928. L’estampe, tirée à 200 exemplaires, a même fait "sold out" auprès de l’imprimeur à succès Watanabe Shōzaburō. Des dizaines d’années plus tard, elle tape dans l’oeil de la collectionneuse Elise Wessels. La délicatesse de la scène lui évoque alors des souvenirs, la précision de ses propres gestes lorsque, dans sa jeunesse, elle fut… esthéticienne.
Sa passion pour l’estampe japonaise du XXe siècle débute à la faveur d’un voyage d’affaires à Tokyo au début des années 1980. Son mari Cees y ouvrait une succursale pour sa maison de disques Roadrunner Records, un label spécialisé dans le hard-rock. Elise tombe sous le charme de deux gravures sur bois.

Elise Wessels compte pas moins de 2.000 oeuvres dans sa collection personnelle
Plus de 2.000 oeuvres composent aujourd’hui sa collection personnelle, la plus importante en la matière conservée au musée Nihon no hanga à Amsterdam, belle maison bordant un canal non loin du Rijksmuseum. C’est à ce vénérable musée, d’ailleurs, qu’Elise compte donner dans quelques années ces oeuvres, dont la plupart sont encore ignorées en Occident.


La modernité s’exprime aussi à travers le corps des femmes. Il est libéré chez La Danseuse (1932) très Belle Époque de Kobayakawa Kiyoshi. Collection Elise Wessels - Nihon no hanga Amsterdam

"Les images de l’artiste Takehisa Yumeji, par exemple, sont très célèbres au Japon, raconte Chris Uhlenbeck, le conservateur du musée. Là-bas, six musées lui sont consacrés. Je dirais qu’après La Vague d’Hokusai, ses oeuvres sont les plus populaires. Il est pourtant quasi inconnu en Occident! Nous sommes les premiers à avoir publié un ouvrage à son sujet en langue étrangère."
Ses représentations expressives de femmes, consumées par l’amour et la passion, suscitaient particulièrement l’engouement des
jeunes filles. Elles se déploient, à la toilette, légèrement rêveuses, comme dans les estampes de Hashiguchi Goyō, mais aussi résolument indépendantes, coiffées à la garçonne, fumant des cigarettes et jouant au billard, ou s’activant dans leur costume de bain en moga (filles modernes) qu’elles sont.
Tous ses artistes affichent une modernité tout en conservant la tradition pour point d’ancrage
Sous la houlette de l’éditeur Watanabe Shōzaburō, et selon une stratégie commerciale internationale, ces artistes ont contribué à relancer la gravure et à renouveler le style des thèmes traditionnels. Les somptueux paysages du plus prolifique de ces artistes, Kawase Hasui, ont grandement contribué au succès de ce mouvement appelé shin hanga (nouvelle estampe).
Le Plongeon (1932), l’audacieuse composition d’Onchi Kōshirō. Collection Elise Wessels - Nihon no hanga Amsterdam
Le résultat est souvent plus brut dans les oeuvres se réclamant de "l’estampe créative" (sōsaku hanga). Une impression, même, d’inachevé se dégage des créations de Yamamoto Kanae. Parti étudier en France la peinture occidentale, il réalisa des estampes de paysages et d’habitants de Bretagne dans les années 1910. On pense, en les voyant, aux peintres de l’école de Pont-Aven. Ailleurs, on évoque les influences de Vallotton, de Van Dongen ou de Vuillard qui s’était lui-même inspiré de la vogue du japonisme. Et devant l’audacieux Plongeon d’Onshi Kōshirō, on songerait même à l’avant-garde russe.
Partout, la même impression s’impose: celle d’une modernité affichée, tout en conservant la tradition pour point d’ancrage. De l’art nippon de l’équilibre subtil…
Vagues de renouveau. Estampes japonaises modernes 1900-1960, à la Fondation Custodia, Paris VIIe, jusqu’au 6 janvier 2019.
www.fondationcustodia.fr
Par Marie-Émilie Fourneaux,

http://www.pointdevue.fr/culture/les-maitres-de-lestampe-japonaise-moderne-lhonneur_7377.html?xtor=EPR-1-[]-[20181024]&utm_source=nlpdv&utm_medium=email&utm_campaign=20181024

No hay comentarios:

Publicar un comentario