Une vente aux enchères chez
Sotheby's a donné lieu à une scène surréaliste: une toile du street-artiste qui
venait d'être vendue aux enchères pour plus d'un million d'euros s'est
partiellement auto-détruite.
Banksy: "Girl with
Balloon" (toile double). Banksy 'War Boutique' de la collection de la galerie
Andipa, Londres, en 2011
JONATHAN HORDLE / REX F/REX/SIPA
Du Banksy tout craché: une
toile du mystérieux et facétieux street-artiste britannique s'est partiellement
auto-détruite vendredi 5 octobre soir devant un public médusé juste après avoir
été vendue aux enchères pour plus d'un million d'euros chez Sotheby's à
Londres. "On dirait qu'on vient de se faire +Bankser+", a réagi Alex
Branczik, un responsable de la maison d'enchères, dans un communiqué.
La scène, surréaliste, se
déroule à la fin d'une vente de plusieurs lots d'art contemporain chez
Sotheby's, une des plus anciennes et importantes maisons d'enchères dans le
monde. A peine le marteau vient-il de clôturer la vente de l'oeuvre - une
reproduction en peinture acrylique et aérosol de l'une des plus célèbres images
de Banksy, "Girl with Balloon", montrant une petite fille laissant
s'envoler un ballon rouge en forme de coeur - que retentit une alarme intermittente,
provenant du cadre.
Le public se tourne alors
vers le tableau, accroché sur l'un des murs de la salle de vente, et découvre
la peinture se faire partiellement découper en fines lamelles par une broyeuse
à papier dissimulée, selon Sotheby's, dans un épais cadre doré... le résultat
final laissant apparaître ce dernier à moitié vide, la partie découpée de la
toile pendouillant dessous.
Encore plus cher au final?
Auréolé de ce happening
retentissant, qui figurait samedi parmi les sujets les plus discutés sur les
réseaux sociaux au Royaume-Uni, le tableau - et son cadre déchiqueteur -
pourrait au final valoir encore plus cher, a estimé Alex Branczik. C'est
"certainement la première fois dans l'histoire de la vente aux enchères
qu'une oeuvre d'art se déchiquette automatiquement après être passée sous le
marteau", a souligné la maison d'enchères.
Des vidéos publiées sur les
réseaux sociaux montrent les personnes présentes réagir avec stupéfaction et
amusement, immortalisant l'instant en mitraillant de photos et en filmant la
peinture déchiquetée, tandis que deux employés de la maison d'enchères s'en
approchent pour l'emporter.
Banksy lui-même a commenté
le coup monté sur son compte Instagram en publiant une photo de la peinture,
ironiquement accompagnée de la légende: "Adjugé, vendu...". Ce
message, et le fait qu'un mystérieux homme portant chapeau et lunettes de
soleil ait été vu près de l'entrée de Sotheby's peu après la vente, alimentait
les spéculations sur la possibilité que la star de l'art contemporain ait pu
être présente.
Mythologie renforcée
Alors que la presse
britannique spécialisée s'interrogeait également sur une éventuelle complicité
de Sotheby's, Alex Branczik, cité par le site The Art Newspaper, a assuré ne
pas avoir été averti du canular, la maison d'enchères restant de son côté
injoignable samedi pour commenter plus avant cet "incident
inattendu".
L'oeuvre a été vendue 1,042
million de livres (1,185 million d'euros), un montant du niveau du record de
l'artiste, réalisé lors d'une vente aux enchères en 2008, selon Sotheby's.
"Nous avons parlé avec l'acheteur, qui a été surpris par cette histoire.
Nous sommes en discussion quant aux prochaines étapes", a déclaré la
maison d'enchères dans un communiqué publié dans le Financial Times.
Cette vente devrait encore
renforcer la mythologie Banksy, graffeur et peintre de Bristol (sud-ouest
d'Angleterre), qui se plait à garder son identité secrète. L'artiste s'est fait
connaître pour son art urbain ironique et engagé, et certaines de ses créations
ont été vendues aux enchères pour des sommes vertigineuses.
Il a récemment réagi au
Brexit sur un mur de Douvres, au Royaume-Uni, avec la fresque d'un homme en
train de casser une étoile du drapeau européen à coups de burin. Selon Mehdi
Ben Cheikh, galeriste parisien spécialiste du street art, ce nouveau coup
d'éclat est "dans la même veine que sa performance de New York, qui
interroge et critique les limites du marché de l'art". C'était en 2013 et
l'artiste avait alors installé un stand près de Central Park, pour vendre une
vingtaine de toiles "authentiques et signées" pour... 60 dollars.
(Avec AFP)
https://www.challenges.fr/patrimoine/marche-de-l-art/quand-une-oeuvre-de-banksy-s-auto-detruit-en-pleine-enchere_617721#xtor=EPR-1-[ChaActu10h]-20181007
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