Après son discours prononcé dimanche, l'écrivain français vient de
recevoir sa prestigieuse distinction lors d'une cérémonie de remise officielle.
Depuis le 9 octobre, Patrick Modiano est entré
dans la légende. Lauréat du prix Nobel
de littérature 2014, il a prononcé le 7 décembre son discours de réception
devant l'Académie suédoise qui lui a attribué cette prestigieuse récompense
pour son «art de la
mémoire».
Peu bavard d'habitude, il a fait forte
impression à Stockholm avec son allocution sensible et émouvante.
Patrick Modiano s'habitue au marathon qu'implique un tel titre. Ce mercredi 10
décembre, date de l'anniversaire de la mort d'Alfred Nobel, le
romancier a également participé à la remise officielle des prix Nobel par le
roi de Suède, Carl XVI Gustaf.
Tous les lauréats de l'année étaient invités à se rendre à la Maison
des concerts de Stockholm, où un orchestre philharmonique a introduit la
cérémonie. Après l'entrée de roi Carl XVI Gustaf en compagnie de la reine
Silvia et de la princesse Victoria, les lauréats ont pris place. Patrick
Modiano s'est retrouvé assis aux côtés du prix Nobel d'économie Jean Tirole, autre
Français ayant reçu cette prestigieuse récompense cette année.
Les premiers discours de différents professeurs universitaires ont
alors pu débuter. Chacun à son tour, ils ont vanté les mérites des prix de
physique, de chimie, et de médecine. Les lauréats se sont alors avancés au
centre de la scène, sur un «N» cerclé, pour recevoir leur récompense des mains
du roi Carl XVI Gustaf.
Après un nouvel intermède musical, l'heure était venue d'introduire
Patrick Modiano. C'est l'écrivain et docteur Jesper Svenbro, membre de
l'Académie suédoise, qui s'est chargé de faire les présentations et de
complimenter le romancier pour son travail... en français!
Un discours immédiatement débuté par la citation d'un paragraphe
extrait du roman Livret de famille (1976) de Modiano:
«Je n'avais que vingt ans, mais ma mémoire précédait ma naissance.
J'étais sûr par exemple d'avoir vécu dans le Paris de l'Occupation puisque je
me souvenais de certains personnages de cette époque et de détails infimes et
troublants, de ceux qu'aucun livre d'histoire ne mentionne. Pourtant j'essayais
de lutter contre la pesanteur qui me tirait en arrière, et rêvais de me
délivrer d'une mémoire empoisonnée.»
Romans,
publié en 2013, invite à relire l'ensemble de son œuvre
Jesper Svenbro a ensuite retracé la carrière de Modiano, depuis sa
découverte de l'horreur de la France occupée. «Il n'était clairement pas
facile, au milieu des années 1960, de faire accepter la réalité de l'Occupation.
Mais Modiano, courageusement et de manière indépendante, a accepté ce défi dans
ses trois premières nouvelles et - avec le réalisateur et coscénariste Louis
Malle - dans le film controversé Lacombe Lucien (1974)», a-t-il rappelé.
L'académicien a également évoqué le tournant de la carrière de Modiano
à partir du roman Villa Triste (1975), avec lequel l'auteur a développé
«la prose calme associée à son nom aujourd'hui». Son travail fait écho à la
«poésie du lieu», termes prononcés par un précédent lauréat du Nobel, Seamus
Heaney. Ce prix Nobel a été attribué à Modiano cette année en raison de la
parution de Romans, en 2013, volume de 1000 pages qui réunissait dix de
ses ouvrages. Une collection qui permettait de «comprendre [sa] petite
musique». Un ouvrage qui nous invite à relire l'ensemble de [son]
œuvre».
Comme ses prédécesseurs, Patrick Modiano a ensuite été invité à
avancer pour recevoir son prix remis par Carl XVI Gustaf, accompagné du son de
trompettes retentissantes. Une fois la récompense entre ses mains, l'orchestre
a interprété L'Arlésienne, de Georges Bizet. Après le
grand prix du roman de l'Académie française en 1972 et le Goncourt en 1978,
Patrick Modiano vient de recevoir la plus prestigieuse récompense littéraire.
http://www.lefigaro.fr/livres/2014/12/10/03005-20141210ARTFIG00368-patrick-modiano-recoit-son-nobel-des-mains-du-roi.php
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