De rares cratères et des
amphores exceptionnelles de la collection de Borowski sont actuellement
présentés au musée biblique de Jérusalem. La manière dont ces objets d’art se
trouvent actuellement à Jérusalem suscite toutefois la controverse
Un kaléidoscope éblouissant de poteries rouges, noires et blanches, composé de 84 pièces qui traversent 1 500 années de l’histoire de l’Antiquité – depuis la civilisation perdue minoenne jusqu’à l’apogée de la magnificence athénienne – constituent les chefs-d’oeuvre de cet événement intitulé « Des dieux, des héros et des mortels de la Grèce ancienne ».
Ces objets artisanaux comprennent à peu près la moitié d’une collection de céramiques grecques anciennes qui appartient au fondateur de l’institution, Elie Borowski, décédé en 2003. Plusieurs objets avaient déjà été présentés lors d’une exposition du musée en 2001 qui s’appelait « les Gloires de la Grèce antique ».
Si ces céramiques appartiennent à la Fondation Borowski, la directrice Amanda Weiss a pour sa part fait savoir que le musée prévoit de laisser l’exposition ouverte à « long terme », au moins durant les deux prochaines années.
Un cratère athénien
dépeignant Dionysos, des silens et des ménaces. Grèce, période archaïque,
oeuvre attirbuée au groupe Léagros, 510-500 avant Jésus-Christ, poterie BLMJ
4959. (Crédit : Vladimir Naikhin, musée des terres bibliques)
Ces pièces en céramique constituent un assemblage exceptionnel d’art classique ainsi que des images dessinées sur l’argile grâce à un procédé chimique brillant. L’ensemble offre aux visiteurs un large aperçu de la vie quotidienne, de la culture et de la mythologie des grecs anciens.
Des mortels familiers comme Achille et Memnon y côtoient des déités comme Zeus, Dionysos et Niké, qui viennent se détacher sous l’image de personnages dessinés en noir et rouge, résultat d’une technique impliquant le chauffage des récipients à multiples reprises dans des environnements successifs, particulièrement riches ou pauvres en oxygène.
Une amphore à silhouette
noire (Type B) dépeignant une procession de mariage entre Pélée et Thétis,
Athena et un homme barbu dos) en Grèce (période archaïque), attribué au peintre
Princeton, ca. 540 avant Jésus-Christ, poterie BLMJ 4768 (Crédit : Vladimir
Naikhin, musée des terres bibliques)
« Ce qui est beau dans ces céramiques, c’est qu’elles nous révèlent ce qu’était la vie durant cette période », dit Silvia Rozenberg, experte en art classique qui a été invitée à prendre le poste de conservatrice de l’exposition.
Les objets présentés dépeignent des élèves et des enseignants, un mariage, des sports, des scènes de guerre, des représentations d’adoration religieuses et des funérailles.
« Elles racontent une histoire ».
Une amphore à silhouette
noire (Type B) dépeignant une procession de mariage entre Pélée et Thétis,
Athena et un homme barbu dos) en Grèce (période archaïque), attribué au peintre
Princeton, ca. 540 avant Jésus-Christ, poterie BLMJ 4768 (Crédit : Vladimir
Naikhin, musée des terres bibliques)
Une amphore présente le mariage de Pélée et de Thétis, les parents d’Achille, le héros de l’Iliade. La suivante dépeint le duel entre Achille et Memnon, autre scène issue du livre et la troisième montre la mort d’Achille, sa dépouille soutenue par Ajax.
Les illustrations cuites dans la glaise ont également servi de « signes d’avertissement » indiquant des normes culturelles, « ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas, ce que vous devez faire – en particulier dans le monde des femmes ».
Une silhouette rouge
athénienne sur une cruche à vin dépeignant une jeune femme se tenant derrière
une chaise de type klismos. Grèce, période classique, attribuée au groupe de
Ferrara T 132, ca. 425 avant Jésus-Christ, poterie BLMJ 9593.(Crédit : Vladimir
Naikhin, Musée des terres bibliques)
Une vitrine contenant des récipients présente ce qu’était le quotidien des femmes dans la Grèce ancienne : Dans leur foyer, s’occupant des enfants et tissant de la laine.
Mais un seul Kylix – rare – montre une femme dans sa nudité.
“Les femmes sont habituellement vêtues”, explique Rozenberg. « Lorsqu’une femme est nue [dans l’art grec] cela signifie habituellement qu’il s’agit d’une prostituée ».
« Le bol », dit-elle, « est assez exceptionnel parce que derrière elle, il est possible d’apercevoir le strigile et l’aryballe (racloir et le vase à huile), ce qui signifie que c’est une femme qui faisait du sport ».
Comme lors des anciens Jeux Olympiques, il y avait des manifestations sportives qui rendaient hommage à Hera et qui opposaient différentes concurrentes au cours de différentes épreuves. « Cela pourrait être ici une illustration de femmes se préparant pour la compétition », affirme Rozenberg.
« A travers ces céramiques, vous pouvez pénétrer un peu dans ce qu’était cette période et comprendre ce qu’était l’esprit du temps, le statut des femmes, leurs croyances, tous les Dieux, tous les mythes », ajoute-t-elle.
Ces céramiques conservées
de manière immaculée étaient probablement stockées dans des tombes sous la
forme d’offrandes, suggère Rozenberg, ce qui leur ont permis de rester
largement intactes à travers les millénaires jusqu’à notre époque moderne.
Comment sont-elles toutefois arrivées depuis la profondeur des tombeaux jusqu’au musée des Terres bibliques ? Cette question contient sa part de drame et d’intrigue.
Elie Borowski, un juif canadien né en Pologne, avait travaillé comme conservateur au musée Royal de l’Ontario à Toronto avant de quitter son poste, au début des années 1950, pour se lancer dans une carrière de courtier d’oeuvres d’art. Il était parvenu à assembler sa collection au cours des décennies, souvent sans révéler quelles étaient ses sources.
Comme Jason Felch l’a noté dans son blog Chasing Aphrodite, Borowski était lié au marché clandestin des antiquités et il a été mentionné qu’il avait été « le client du trafiquant d’antiquités condamné Giacomo Medici ». Son nom avait été également écrit à la main- sur la « charte d’une organisation de commerce illicite saisie en 2011 par les autorités italiennes ».
Au cours des années, lui et le musée qu’il avait fondé avaient été critiqués pour acheter et présenter des objets d’artisanat de provenance douteuse, perpétuant donc la pratique d’éventuelles fouilles clandestinement menées et la vente d’antiquités illégale.
Lors de l’inauguration du musée en 1992, son épouse Batya Borowski avait affirmé que ces pratiques étaient communes sur le marché des antiquités.
« Il n’y a aucune collection dans le monde qui soit assemblée différemment », avait-elle déclaré aux journalistes. « Vous avez raison. Cela a été volé. Mais nous ne l’avons pas volé. Nous n’avons pas encouragé ce vol. Au contraire, nous avons collecté ces antiquités partout dans le monde et nous les avons ramenées à Jérusalem ».
Borowski avait vendu son assemblage à un musée japonais d’art grec ancien pour financer les derniers travaux nécessaires pour les Terres Bibliques.
Après une décennie, la collection avait été vendue à New York, puis présentée aux enchères à Christie en 2002. C’est à cette occasion que Borowski avait racheté une partie de sa collection.
Weiss, directeur du musée, a affirmé que « le vol d’antiquités est une question grave, et la protection du patrimoine culturel est aussi un problème très sérieux » et que les biens de Borowski ont été « légalement achetés… avant la convention de 1972 portant sur les régulations internationales du patrimoine culturel ».
Tout le monde n’est pas convaincu par la légalité de la collection de Borowski.
Ainsi, l’éthicien en archéologie David Gill a souligné sur le post d’un blog, en 2007, que la vaste majorité de la collection de Borowski vendue par Christie dans les années 2000 avait une provenance douteuse et qu’au regard de la convention devenue effective en 1973 « 92% de la collection ne pourrait plus être achetée par des musées responsables ».
Indépendamment de l’origine de ces objets d’art, affirme Rozenberg, je pense qu’il est très important qu’une collection privée puisse être présentée au public ».
Ilan Ben Zion
La plus importante
exposition de céramiques grecques jamais présentée au public en Israël – 84
magnifiques objets remontant au second millénaire avant Jésus-Christ – a ouvert
ses portes au Musée des Terres Bibliques de Jérusalem.
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Inscription gratuite!Un kaléidoscope éblouissant de poteries rouges, noires et blanches, composé de 84 pièces qui traversent 1 500 années de l’histoire de l’Antiquité – depuis la civilisation perdue minoenne jusqu’à l’apogée de la magnificence athénienne – constituent les chefs-d’oeuvre de cet événement intitulé « Des dieux, des héros et des mortels de la Grèce ancienne ».
Mais les objets de cette
exposition – qui lance les célébrations organisées pour le 25e anniversaire du
musée – font partie d’une collection de pièces qui auraient été acquises de
manière douteuse, déplorent certains spécialistes.
Tandis que le musée affirme
les avoir achetées avant une convention en 1972 qui interdisait que de telles
ventes puissent se faire à l’avenir – rendant leur possession illégale –
d’autres s’interrogent toutefois.Ces objets artisanaux comprennent à peu près la moitié d’une collection de céramiques grecques anciennes qui appartient au fondateur de l’institution, Elie Borowski, décédé en 2003. Plusieurs objets avaient déjà été présentés lors d’une exposition du musée en 2001 qui s’appelait « les Gloires de la Grèce antique ».
Si ces céramiques appartiennent à la Fondation Borowski, la directrice Amanda Weiss a pour sa part fait savoir que le musée prévoit de laisser l’exposition ouverte à « long terme », au moins durant les deux prochaines années.
Ces pièces en céramique constituent un assemblage exceptionnel d’art classique ainsi que des images dessinées sur l’argile grâce à un procédé chimique brillant. L’ensemble offre aux visiteurs un large aperçu de la vie quotidienne, de la culture et de la mythologie des grecs anciens.
Des mortels familiers comme Achille et Memnon y côtoient des déités comme Zeus, Dionysos et Niké, qui viennent se détacher sous l’image de personnages dessinés en noir et rouge, résultat d’une technique impliquant le chauffage des récipients à multiples reprises dans des environnements successifs, particulièrement riches ou pauvres en oxygène.
« Ce qui est beau dans ces céramiques, c’est qu’elles nous révèlent ce qu’était la vie durant cette période », dit Silvia Rozenberg, experte en art classique qui a été invitée à prendre le poste de conservatrice de l’exposition.
Les objets présentés dépeignent des élèves et des enseignants, un mariage, des sports, des scènes de guerre, des représentations d’adoration religieuses et des funérailles.
« Elles racontent une histoire ».
Une amphore présente le mariage de Pélée et de Thétis, les parents d’Achille, le héros de l’Iliade. La suivante dépeint le duel entre Achille et Memnon, autre scène issue du livre et la troisième montre la mort d’Achille, sa dépouille soutenue par Ajax.
Les illustrations cuites dans la glaise ont également servi de « signes d’avertissement » indiquant des normes culturelles, « ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas, ce que vous devez faire – en particulier dans le monde des femmes ».
Une vitrine contenant des récipients présente ce qu’était le quotidien des femmes dans la Grèce ancienne : Dans leur foyer, s’occupant des enfants et tissant de la laine.
Mais un seul Kylix – rare – montre une femme dans sa nudité.
“Les femmes sont habituellement vêtues”, explique Rozenberg. « Lorsqu’une femme est nue [dans l’art grec] cela signifie habituellement qu’il s’agit d’une prostituée ».
« Le bol », dit-elle, « est assez exceptionnel parce que derrière elle, il est possible d’apercevoir le strigile et l’aryballe (racloir et le vase à huile), ce qui signifie que c’est une femme qui faisait du sport ».
Comme lors des anciens Jeux Olympiques, il y avait des manifestations sportives qui rendaient hommage à Hera et qui opposaient différentes concurrentes au cours de différentes épreuves. « Cela pourrait être ici une illustration de femmes se préparant pour la compétition », affirme Rozenberg.
« A travers ces céramiques, vous pouvez pénétrer un peu dans ce qu’était cette période et comprendre ce qu’était l’esprit du temps, le statut des femmes, leurs croyances, tous les Dieux, tous les mythes », ajoute-t-elle.
Comment sont-elles toutefois arrivées depuis la profondeur des tombeaux jusqu’au musée des Terres bibliques ? Cette question contient sa part de drame et d’intrigue.
Elie Borowski, un juif canadien né en Pologne, avait travaillé comme conservateur au musée Royal de l’Ontario à Toronto avant de quitter son poste, au début des années 1950, pour se lancer dans une carrière de courtier d’oeuvres d’art. Il était parvenu à assembler sa collection au cours des décennies, souvent sans révéler quelles étaient ses sources.
Comme Jason Felch l’a noté dans son blog Chasing Aphrodite, Borowski était lié au marché clandestin des antiquités et il a été mentionné qu’il avait été « le client du trafiquant d’antiquités condamné Giacomo Medici ». Son nom avait été également écrit à la main- sur la « charte d’une organisation de commerce illicite saisie en 2011 par les autorités italiennes ».
Au cours des années, lui et le musée qu’il avait fondé avaient été critiqués pour acheter et présenter des objets d’artisanat de provenance douteuse, perpétuant donc la pratique d’éventuelles fouilles clandestinement menées et la vente d’antiquités illégale.
Lors de l’inauguration du musée en 1992, son épouse Batya Borowski avait affirmé que ces pratiques étaient communes sur le marché des antiquités.
« Il n’y a aucune collection dans le monde qui soit assemblée différemment », avait-elle déclaré aux journalistes. « Vous avez raison. Cela a été volé. Mais nous ne l’avons pas volé. Nous n’avons pas encouragé ce vol. Au contraire, nous avons collecté ces antiquités partout dans le monde et nous les avons ramenées à Jérusalem ».
Borowski avait vendu son assemblage à un musée japonais d’art grec ancien pour financer les derniers travaux nécessaires pour les Terres Bibliques.
Après une décennie, la collection avait été vendue à New York, puis présentée aux enchères à Christie en 2002. C’est à cette occasion que Borowski avait racheté une partie de sa collection.
Weiss, directeur du musée, a affirmé que « le vol d’antiquités est une question grave, et la protection du patrimoine culturel est aussi un problème très sérieux » et que les biens de Borowski ont été « légalement achetés… avant la convention de 1972 portant sur les régulations internationales du patrimoine culturel ».
Tout le monde n’est pas convaincu par la légalité de la collection de Borowski.
Ainsi, l’éthicien en archéologie David Gill a souligné sur le post d’un blog, en 2007, que la vaste majorité de la collection de Borowski vendue par Christie dans les années 2000 avait une provenance douteuse et qu’au regard de la convention devenue effective en 1973 « 92% de la collection ne pourrait plus être achetée par des musées responsables ».
Indépendamment de l’origine de ces objets d’art, affirme Rozenberg, je pense qu’il est très important qu’une collection privée puisse être présentée au public ».
http://fr.timesofisrael.com/des-ceramiques-presentees-au-musee-biblique-de-jerusalem-mettent-en-lumiere-la-grece-antique/
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