jueves, 4 de octubre de 2018

LE SULFUREUX PASSÉ DE WALLIS SIMPSON


Tombé sous l’"empire des sens" de Mrs. Simpson, le roi Édouard VIII va lui sacrifier l’héritage de ses ancêtres: l’Empire britannique. A la cour, son passé scandalise, ses amitiés inquiètent. La "plus belle histoire d’amour du XXe siècle"?
"Vous devez me croire quand je vous dis qu’il m’est impossible de supporter le lourd fardeau des responsabilités d’État sans le soutien de la femme que j’aime…" En ce 10 décembre 1936, la Grande-Bretagne et l’Empire retiennent leur souffle en écoutant Édouard VIII à la radio. Au terme d’un bras de fer qui l’oppose depuis son avènement à son gouvernement, le souverain abdique. Le coeur ou la raison… Le roi a choisi.
Le 3 juin de l’année suivante, au château de Candé, en Touraine, Édouard VIII, titré "duc de Windsor", épouse la femme qu’il aime: Wallis Simpson. Ils vivront désormais un éternel exil… La plus belle histoire d’amour du XXe siècle? Peut-être. Si le passé de la mariée n’était aussi entouré d’ombres.
Le séjour de Wallis en Chine et ses fréquentations font frémir Buckingham
Aux yeux de la famille royale, de l’Église d’Angleterre et surtout du "MI5" –les services secrets britanniques–, Wallis est loin de posséder le profil rêvé d’une reine! Américaine et roturière passe encore. Mais, à 38 ans, Mrs. Simpson a déjà un époux légitime et un divorce à son passif.


La duchesse de Windsor pose pour le magazine Vogue en 1944. Entre la couronne et la femme qu’il aime, le roi Édouard VIII a choisi. John Rawlings/Condé Nast via Getty Images

En outre, un séjour à Hongkong, dans les années 1920, alimente tous les fantasmes. Elle y aurait fait ses armes dans la galanterie, avant d’oeuvrer comme espionne. Un parfum de Mata Hari qui empoisonne l’atmosphère du palais de Buckingham.
En fouillant les archives épiscopales de Baltimore pour le compte du roi George V, les agents du MI6 ont d’abord découvert que Wallis Warfield, née avant le mariage de ses parents, n’a jamais été baptisée. Mais ce sont surtout les "amitiés" de la jeune femme qui inquiètent.
À Hongkong, son premier mari l'aurait initiée à l'art érotique
En 1923, pendant que son premier mari, l’aviateur Earl Winfield Spencer, collectionne maîtresses –et amants– en Chine, où il sert dans l’US Navy, Wallis, demeurée seule à Washington, se console dans les bras du prince Caetani, ambassadeur de l’Italie fasciste.
Un amant que la jeune femme abandonne vite pour une liaison enflammée avec Felipe Espril, premier secrétaire à l’ambassade d’Argentine. Une "proximité" avec les milieux diplomatiques qui donne l’idée aux services de renseignements de la marine américaine d’utiliser les dons de la jeune madame Spencer.
Formée à l’espionnage, Wallis rejoint son mari à Hongkong, en 1924. Retrouvailles en demi-teinte dans un empire ravagé par la guerre et les révolutions.
Si l’on prête foi aux témoins de l’époque, Earl Spencer, alcoolique et débauché, aurait alors initié sa jeune épouse à l’art subtil des caresses, dans les "maisons de chant". Des bordels de luxe où Wallis –entre pipes d’opium et parties de roulette truquées– serait devenue experte du "fang chung", une pratique ancestrale destinée à amener le partenaire masculin à "un état de sérénité absolue"…
Espionne et "femme entretenue"? Les rumeurs alimentent sa légende
Le couple ne survit pas plus de quelques mois à cette fièvre des Tropiques. De nouveau abandonnée et livrée à elle-même, Wallis trouve aide et réconfort dans le lit de "mécènes" fortunés. Un rapport des services de renseignements britanniques la qualifie alors de "femme entretenue".


La jeune Wallis Warfield a fait du mariage l’instrument de son ascension sociale. Après l’aviateur Earl Winfield Spencer, dont elle divorce en 1927, elle épouse l’homme d’affaires Ernest Aldrich Simpson. The Times/News Licensing/ABACA

Son nouvel amant, Alberto da Zara, attaché naval de l’ambassade d’Italie à Pékin, évoque ses qualités: "Ce n’est pas une beauté, mais elle est extrêmement séduisante et a des goûts raffinés." Par son entremise, la galante espionne serait alors devenue la maîtresse du ténébreux comte Galeazzo Ciano, futur gendre du Duce et ministre italien des Affaires étrangères. Cette rumeur sera accréditée, bien des années plus tard, par Edda Mussolini, l’épouse du principal intéressé.
Wallis, enceinte de Ciano, aurait alors avorté. Épouse légitime du commandant Spencer, elle ne pouvait risquer un divorce désavantageux. L’opération, réalisée au prix de graves complications gynécologiques, discrédite les suspicions d’androgynie qui pèseront bien plus tard sur la duchesse de Windsor. Elle ne parviendra plus, en tout cas, à mener une grossesse à terme.
En juillet 1928, tout juste divorcée, elle devient Mrs. Ernest Aldrich Simpson
De retour aux États-Unis, en septembre 1926, Wallis est hospitalisée d’urgence, et passe plusieurs semaines de convalescence chez sa mère. Invitée à passer les fêtes de Noël chez des amis new-yorkais, elle y fait la connaissance d’Ernest Simpson. Ce compatriote à l’allure de gentleman anglais vit à Londres, où il dirige le comptoir de l’entreprise familiale de vente de bateaux. Il est riche… et marié. Pas de quoi décourager Wallis!
Elle entame sans tarder une procédure de divorce et convainc son nouvel amant de faire de même. Dorothea Simpson, qui apprend son infortune sur un lit de l’Hôpital américain de Neuilly, en France, a cette réflexion amère: "Wallis a montré beaucoup de noblesse. Elle m’a volé mon mari tandis que j’étais malade."
Le 21 juillet 1928, au Royaume-Uni, Wallis devient donc Mrs. Ernest Aldrich Simpson. Installée dans une maison proche de Hyde Park, avec majordome, cuisinière, femme de chambre et chauffeur, elle s’initie aux codes de cette gentry que fréquente son mari.
Wallis scrute le moindre déplacement de David, le prince de Galles
Si elle affecte, en bonne Américaine, de se moquer de l’obsession des Anglais pour les faits et gestes de la famille royale, Wallis scrute, à la loupe, le moindre déplacement de David, le prince de Galles.
Ce séduisant célibataire défraie la chronique en multipliant les aventures amoureuses avec des femmes mariées. Détail intéressant. Sa maîtresse du moment, Thelma Morgan, vicomtesse Furness, devient bientôt l’inséparable amie de Wallis. Et en 1931, l’imprudente commet l’erreur d’inviter le couple Simpson dans sa campagne de Burrough Court, pour une chasse organisée en l’honneur du prince.


Au début des années 1930, Mrs. Simpson supplante lady Furness dans le coeur du prince de Galles. Devenu le roi Édouard VIII, en 1936, ce dernier ne peut désormais plus se passer de cette amante qui règne sur ses sens. Bettmann/Getty Images

Trois ans plus tard, Ernest 
Simpson aura sombré dans l’alcoolisme, tandis que Wallis aura supplanté lady Furness… comme toutes ses rivales. Entourée par cette sulfureuse aura, Wallis ne surmontera jamais les préventions de la famille royale. Et David, devenu le roi Édouard VIII, ne parviendra pas plus à imposer la femme qu’il aime.
Son passé scandalise, ses amitiés inquiètent. À l’heure où gronde le péril nazi, même Winston Churchill, officiellement favorable au nouveau monarque, n’aura de cesse d’éloigner "cette garce" de la couronne…

Par François Billaut
http://www.pointdevue.fr/histoire/le-sulfureux-passe-de-wallis-simpson_6719.html

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