Tombé sous l’"empire des sens" de Mrs. Simpson, le roi
Édouard VIII va lui sacrifier l’héritage de ses ancêtres: l’Empire britannique.
A la cour, son passé scandalise, ses amitiés inquiètent. La "plus belle histoire
d’amour du XXe siècle"?
"Vous devez me croire quand je vous dis qu’il m’est impossible
de supporter le lourd fardeau des responsabilités d’État sans le soutien de la
femme que j’aime…" En ce 10 décembre 1936, la Grande-Bretagne et l’Empire
retiennent leur souffle en écoutant Édouard VIII à la radio. Au terme d’un bras
de fer qui l’oppose depuis son avènement à son gouvernement, le souverain
abdique. Le coeur ou la raison… Le roi a choisi.
Le 3 juin de l’année suivante, au château de Candé, en Touraine,
Édouard VIII, titré "duc de Windsor", épouse la femme qu’il aime:
Wallis Simpson. Ils vivront désormais un éternel exil… La plus belle histoire
d’amour du XXe siècle? Peut-être. Si le passé de la mariée n’était aussi
entouré d’ombres.
Le séjour de Wallis en Chine et ses fréquentations font frémir
Buckingham
Aux yeux de la famille royale, de l’Église d’Angleterre et surtout
du "MI5" –les services secrets britanniques–, Wallis est loin de
posséder le profil rêvé d’une reine! Américaine et roturière passe encore.
Mais, à 38 ans, Mrs. Simpson a déjà un époux légitime et un divorce à son
passif.
La duchesse de
Windsor pose pour le magazine Vogue en 1944. Entre la couronne et la femme
qu’il aime, le roi Édouard VIII a choisi. John Rawlings/Condé Nast via Getty
Images
En outre, un séjour à Hongkong, dans les années 1920, alimente tous
les fantasmes. Elle y aurait fait ses armes dans la galanterie, avant d’oeuvrer
comme espionne. Un parfum de Mata Hari qui empoisonne l’atmosphère du palais de
Buckingham.
En fouillant les archives épiscopales de Baltimore pour le compte
du roi George V, les agents du MI6 ont d’abord découvert que Wallis Warfield,
née avant le mariage de ses parents, n’a jamais été baptisée. Mais ce sont
surtout les "amitiés" de la jeune femme qui inquiètent.
À Hongkong, son premier mari l'aurait initiée à l'art érotique
En 1923, pendant que son premier mari, l’aviateur Earl Winfield
Spencer, collectionne maîtresses –et amants– en Chine, où il sert dans l’US
Navy, Wallis, demeurée seule à Washington, se console dans les bras du prince
Caetani, ambassadeur de l’Italie fasciste.
Un amant que la jeune femme abandonne vite pour une liaison
enflammée avec Felipe Espril, premier secrétaire à l’ambassade d’Argentine. Une
"proximité" avec les milieux diplomatiques qui donne l’idée aux
services de renseignements de la marine américaine d’utiliser les dons de la
jeune madame Spencer.
Formée à l’espionnage, Wallis rejoint son mari à Hongkong, en 1924.
Retrouvailles en demi-teinte dans un empire ravagé par la guerre et les
révolutions.
Si l’on prête foi aux témoins de l’époque, Earl Spencer, alcoolique
et débauché, aurait alors initié sa jeune épouse à l’art subtil des caresses,
dans les "maisons de chant". Des bordels de luxe où Wallis –entre
pipes d’opium et parties de roulette truquées– serait devenue experte du
"fang chung", une pratique ancestrale destinée à amener le partenaire
masculin à "un état de sérénité absolue"…
Espionne et "femme entretenue"? Les rumeurs alimentent sa
légende
Le couple ne survit pas plus de quelques mois à cette fièvre des
Tropiques. De nouveau abandonnée et livrée à elle-même, Wallis trouve aide et
réconfort dans le lit de "mécènes" fortunés. Un rapport des services
de renseignements britanniques la qualifie alors de "femme
entretenue".
La jeune Wallis Warfield
a fait du mariage l’instrument de son ascension sociale. Après l’aviateur Earl
Winfield Spencer, dont elle divorce en 1927, elle épouse l’homme d’affaires
Ernest Aldrich Simpson. The Times/News Licensing/ABACA
Son nouvel amant, Alberto da Zara, attaché naval de l’ambassade
d’Italie à Pékin, évoque ses qualités: "Ce n’est pas une beauté, mais elle
est extrêmement séduisante et a des goûts raffinés." Par son entremise, la
galante espionne serait alors devenue la maîtresse du ténébreux comte Galeazzo Ciano,
futur gendre du Duce et ministre italien des Affaires étrangères. Cette rumeur
sera accréditée, bien des années plus tard, par Edda Mussolini, l’épouse du
principal intéressé.
Wallis, enceinte de Ciano, aurait alors avorté. Épouse légitime du
commandant Spencer, elle ne pouvait risquer un divorce désavantageux.
L’opération, réalisée au prix de graves complications gynécologiques,
discrédite les suspicions d’androgynie qui pèseront bien plus tard sur la
duchesse de Windsor. Elle ne parviendra plus, en tout cas, à mener une
grossesse à terme.
En juillet 1928, tout juste divorcée, elle devient Mrs. Ernest
Aldrich Simpson
De retour aux États-Unis, en septembre 1926, Wallis est hospitalisée
d’urgence, et passe plusieurs semaines de convalescence chez sa mère. Invitée à
passer les fêtes de Noël chez des amis new-yorkais, elle y fait la connaissance
d’Ernest Simpson. Ce compatriote à l’allure de gentleman anglais vit à Londres,
où il dirige le comptoir de l’entreprise familiale de vente de bateaux. Il est
riche… et marié. Pas de quoi décourager Wallis!
Elle entame sans tarder une procédure de divorce et convainc son
nouvel amant de faire de même. Dorothea Simpson, qui apprend son infortune sur
un lit de l’Hôpital américain de Neuilly, en France, a cette réflexion amère:
"Wallis a montré beaucoup de noblesse. Elle m’a volé mon mari tandis que
j’étais malade."
Le 21 juillet 1928, au Royaume-Uni, Wallis devient donc Mrs. Ernest
Aldrich Simpson. Installée dans une maison proche de Hyde Park, avec majordome,
cuisinière, femme de chambre et chauffeur, elle s’initie aux codes de cette
gentry que fréquente son mari.
Wallis scrute le moindre déplacement de David, le prince de Galles
Si elle affecte, en bonne Américaine, de se moquer de l’obsession
des Anglais pour les faits et gestes de la famille royale, Wallis scrute, à la
loupe, le moindre déplacement de David, le prince de Galles.
Ce séduisant célibataire défraie la chronique en multipliant les
aventures amoureuses avec des femmes mariées. Détail intéressant. Sa maîtresse
du moment, Thelma Morgan, vicomtesse Furness, devient bientôt l’inséparable
amie de Wallis. Et en 1931, l’imprudente commet l’erreur d’inviter le couple
Simpson dans sa campagne de Burrough Court, pour une chasse organisée en
l’honneur du prince.
Au début des années
1930, Mrs. Simpson supplante lady Furness dans le coeur du prince de Galles.
Devenu le roi Édouard VIII, en 1936, ce dernier ne peut désormais plus se
passer de cette amante qui règne sur ses sens. Bettmann/Getty Images
Trois ans plus tard, Ernest
Simpson aura sombré dans l’alcoolisme,
tandis que Wallis aura supplanté lady Furness… comme toutes ses rivales.
Entourée par cette sulfureuse aura, Wallis ne surmontera jamais les préventions
de la famille royale. Et David, devenu le roi Édouard VIII, ne parviendra pas
plus à imposer la femme qu’il aime.
Son passé scandalise, ses amitiés inquiètent. À l’heure où gronde
le péril nazi, même Winston Churchill, officiellement favorable au nouveau
monarque, n’aura de cesse d’éloigner "cette garce" de la couronne…
Par François Billaut
http://www.pointdevue.fr/histoire/le-sulfureux-passe-de-wallis-simpson_6719.html
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