miércoles, 26 de diciembre de 2018

UNIVERS. CHEZ SUE TOWNSEND À FLORENCE


Par Fanny del Volta

Britannique de naissance et italienne d’adoption, elle a créé Ortigia, une marque de bougies et cosmétiques, née d’un souvenir de Sicile. Ses produits sont conçus telles des oeuvres d’art pour lesquelles l’inspiration naît à l’ombre d’un palais florentin, au bord de l’Arno, dans lequel elle s’est créé un cocon baroque.

Les produits Ortigia célèbrent l’union idéale des couleurs et des fragrances. Pour l’amande ou le santal, des paquets bleus plus ou moins foncés mais toujours intenses. Un camaïeu que l’on retrouve souvent dans l’appartement florentin de Sue Townsend, fondatrice de cette marque de luxe.

Au deuxième étage du Palazzo Capponi Canigiani, elle collectionne des vases, des lampes en porcelaine de Chine, des faïences de Delft, des poteries Wedgwood et des tapisseries mettant l’azur à l’honneur. Tous ces trophées ont trouvé leur place voici une quinzaine d’années dans cet édifice datant, pour sa partie la plus ancienne, du XIIIe siècle. "J’habitais chez mon amie la princesse Giorgiana Corsini, à deux pas d’ici", se souvient Sue.


Sue Townsend avec ses animaux de compagnie, les chiens Ping-Pong et Zonzo. Courtesy of Antonio Martinelli

Jouant avec les perles de son sautoir, elle sourit en rappelant comme cet appartement l’a obsédée quand, des bords de l’Arno, elle en a repéré la spacieuse loggia. Elle imagine alors le point de vue incomparable qu’il offre sur la ville. "J’ai pu le visiter au bout de sept ans, un jour de pluie peu engageant, mais je n’allais pas 
rater l’occasion!"

Dans l’un des salons de Sue, la bibliothèque en laque vient d’une salle des ventes de Devizes, dans le Wiltshire. Sue est tombée sous le charme de ses défauts, comme les vitrines dont aucune n’a la même taille. Courtesy of Antonio Martinelli








Dans les années 1990, les lieux ont été occupés par un anglais, sir John Pope-Hennessy, ancien directeur du Victoria & Albert Museum et du British Museum. Quand Sue s’y installe, elle y réintroduit un style british, sans complexe.

Au milieu du salon où se déploient les formes aguicheuses du sofa signé Robert Kime, elle ouvre grand les bras pour simplifier l’inventaire de tout ce qu’elle a fait venir de sa maison londonienne de Notting Hill. La maîtresse des lieux n’a rien abandonné de sa vie d’avant.
Des bronzes à l’effigie d’animaux côtoient des chefs-d’oeuvre de taxidermie, des vases étrusques, des maquettes de monuments Renaissance, des horloges XVIIIe et des miroirs vénitiens… L’antre de Sue raconte mille et une histoires à travers chacun de ses ornements. "Les toiles de maîtres sont coûteuses. Voilà pourquoi j’ai choisi de posséder tant d’objets."
Sue a aidé le prince Charles à développer sa marque biologique Duchy Originals
Son âme de collectionneuse lui vient de sa plus tendre enfance, passée entre le Gloucestershire, où elle est née dans les années 1950, et l’Irlande. "Mes parents ont toujours eu le goût des belles choses et fréquentaient de nombreux artistes." Si elle ne fait pas d’études, Sue apprend vite et raffole des ventes aux enchères auxquelles elle assiste pour aiguiser son regard. Dans les années 1970, elle participe à la création de la prestigieuse marque de cosmétiques Crabtree & Evelyn.


La salle à manger où trône une table George II ayant appartenu au comte de Macclesfield et acquise chez Edward Hurst. Sur la console, des urnes cinéraires en bois transformées en lampes.  Courtesy of Antonio Martinelli

Après avoir décidé de quitter cette aventure, elle travaille en tandem avec Jacob Rothschild et prête ses services au prince Charles pour développer les Duchy Originals. "Très honnêtement, je lui donnais juste un coup de main. C’était un ami d’amis et j’ignore même aujourd’hui ce que sont devenus les Duchies!" Original…
Avant de quitter son salon, l’hôtesse remet l’air de rien deux coussins en ordre. Leur velours mauve, captivant, rappelle les ornements de la gamme au jasmin d’Ortigia.
Toutes les essences de sa marque de cosmétiques baptisée Ortigia viennent de Sicile
Née en 2006, la marque prend le nom du centre historique de Syracuse, où Sue a découvert un nouvel art de vivre. "Très souvent, j’étais accueillie chez des amis en Sicile orientale. Leurs superbes orangeraies m’ont inspirée pour créer ma propre entreprise de bougies et cosmétiques." Aujourd’hui encore, toutes les essences de la marque Ortigia viennent de l’île.


Des animaux, en bronze ou empaillés… une vraie passion pour Sue Townsend. Courtesy of Antonio Martinelli

Le premier de ses succès a pour nom Zagara, "le nom arabique de la fleur d’oranger. Un mot encore utilisé en Sicile sarrasine". Le packaging or et noir de cette gamme au parfum entêtant évoque le mobilier en laque du XVIIIe siècle qui plaît tant à Sue. Il s’imprègne de cette atmosphère si paisible qui règne chez elle.

"Pour moi, la beauté a toujours été une question d’ambiance." Dans son intérieur feutré, Sue dessine le moindre motif d’Ortigia, le plus infime détail du moindre flacon de parfum, tous les coffrets et, depuis peu, les foulards et sacs à main qui se vendent comme des petits pains.

La chambre à coucher avec son cabinet en laque d’époque reine Anne et son lit à baldaquin du XVIIIe, importé de Chine. Courtesy of Antonio Martinelli

Dans le corridor interminable qui mène à la loggia, Grisha et Africa, deux chatons surexcités, cavalent derrière leur joujou. "Vous détruisez mes affaires!", leur lance leur maîtresse dans un italien rehaussé d’un chic accent britannique. Sur la console vénitienne, par chance, ni les chandeliers, ni les bronzes n’ont bougé. Les félins, à peine calmés, suivent Sue pour l’accompagner sur la terrasse.

Là se comprend toute l’obstination de Sue Townsend à vouloir habiter cet appartement. Une vue panoramique sur Florence prolonge les charmes du palazzo Capponi. En contrebas, l’Arno trace une ligne argentée dans laquelle se reflètent les nuages. De quoi se sentir aux anges, éternellement.


http://www.pointdevue.fr/art-de-vivre/univers-chez-sue-townsend-florence_7924.html

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