Par Fanny del Volta
Britannique de naissance et italienne d’adoption, elle a créé
Ortigia, une marque de bougies et cosmétiques, née d’un souvenir de Sicile. Ses
produits sont conçus telles des oeuvres d’art pour lesquelles l’inspiration
naît à l’ombre d’un palais florentin, au bord de l’Arno, dans lequel elle s’est
créé un cocon baroque.
Les produits Ortigia célèbrent l’union idéale des couleurs et des
fragrances. Pour l’amande ou le santal, des paquets bleus plus ou moins foncés
mais toujours intenses. Un camaïeu que l’on retrouve souvent dans l’appartement
florentin de Sue Townsend, fondatrice de cette marque de luxe.
Au deuxième étage du Palazzo Capponi Canigiani, elle collectionne
des vases, des lampes en porcelaine de Chine, des faïences de Delft, des
poteries Wedgwood et des tapisseries mettant l’azur à l’honneur. Tous ces
trophées ont trouvé leur place voici une quinzaine d’années dans cet édifice
datant, pour sa partie la plus ancienne, du XIIIe siècle. "J’habitais chez
mon amie la princesse Giorgiana Corsini, à deux pas d’ici", se souvient
Sue.
Sue Townsend avec ses animaux de compagnie, les chiens Ping-Pong et
Zonzo. Courtesy of Antonio Martinelli
Jouant avec les perles de son sautoir, elle sourit en rappelant
comme cet appartement l’a obsédée quand, des bords de l’Arno, elle en a repéré
la spacieuse loggia. Elle imagine alors le point de vue incomparable qu’il
offre sur la ville. "J’ai pu le visiter au bout de sept ans, un jour de
pluie peu engageant, mais je n’allais pas
rater l’occasion!"
Au milieu du salon où se déploient les formes aguicheuses du sofa
signé Robert Kime, elle ouvre grand les bras pour simplifier l’inventaire de
tout ce qu’elle a fait venir de sa maison londonienne de Notting Hill. La
maîtresse des lieux n’a rien abandonné de sa vie d’avant.
Des bronzes à l’effigie d’animaux côtoient des chefs-d’oeuvre de
taxidermie, des vases étrusques, des maquettes de monuments Renaissance, des
horloges XVIIIe et des miroirs vénitiens… L’antre de Sue raconte mille et une
histoires à travers chacun de ses ornements. "Les toiles de maîtres sont
coûteuses. Voilà pourquoi j’ai choisi de posséder tant d’objets."
Sue a aidé le prince Charles à développer sa marque biologique
Duchy Originals
Son âme de collectionneuse lui vient de sa plus tendre enfance,
passée entre le Gloucestershire, où elle est née dans les années 1950, et
l’Irlande. "Mes parents ont toujours eu le goût des belles choses et
fréquentaient de nombreux artistes." Si elle ne fait pas d’études, Sue
apprend vite et raffole des ventes aux enchères auxquelles elle assiste pour
aiguiser son regard. Dans les années 1970, elle participe à la création de la
prestigieuse marque de cosmétiques Crabtree & Evelyn.
La salle à manger où trône une table George II ayant appartenu au
comte de Macclesfield et acquise chez Edward Hurst. Sur la console, des urnes
cinéraires en bois transformées en lampes.
Courtesy of Antonio Martinelli
Après avoir décidé de quitter cette aventure, elle travaille en
tandem avec Jacob Rothschild et prête ses services au prince Charles pour
développer les Duchy Originals. "Très honnêtement, je lui donnais juste un
coup de main. C’était un ami d’amis et j’ignore même aujourd’hui ce que sont devenus
les Duchies!" Original…
Avant de quitter son salon, l’hôtesse remet l’air de rien deux
coussins en ordre. Leur velours mauve, captivant, rappelle les ornements de la
gamme au jasmin d’Ortigia.
Toutes les essences de sa marque de cosmétiques baptisée Ortigia
viennent de Sicile
Née en 2006, la marque prend le nom du centre historique de
Syracuse, où Sue a découvert un nouvel art de vivre. "Très souvent,
j’étais accueillie chez des amis en Sicile orientale. Leurs superbes
orangeraies m’ont inspirée pour créer ma propre entreprise de bougies et
cosmétiques." Aujourd’hui encore, toutes les essences de la marque Ortigia
viennent de l’île.
Des animaux, en bronze ou empaillés… une vraie passion pour Sue
Townsend. Courtesy of Antonio Martinelli
Le premier de ses succès a pour nom Zagara, "le nom arabique
de la fleur d’oranger. Un mot encore utilisé en Sicile sarrasine". Le
packaging or et noir de cette gamme au parfum entêtant évoque le mobilier en
laque du XVIIIe siècle qui plaît tant à Sue. Il s’imprègne de cette atmosphère
si paisible qui règne chez elle.
"Pour moi, la beauté a toujours été une question
d’ambiance." Dans son intérieur feutré, Sue dessine le moindre motif
d’Ortigia, le plus infime détail du moindre flacon de parfum, tous les coffrets
et, depuis peu, les foulards et sacs à main qui se vendent comme des petits
pains.
La chambre à coucher avec son cabinet en laque d’époque reine Anne
et son lit à baldaquin du XVIIIe, importé de Chine. Courtesy of Antonio
Martinelli
Dans le corridor interminable qui mène à la loggia, Grisha et
Africa, deux chatons surexcités, cavalent derrière leur joujou. "Vous
détruisez mes affaires!", leur lance leur maîtresse dans un italien
rehaussé d’un chic accent britannique. Sur la console vénitienne, par chance,
ni les chandeliers, ni les bronzes n’ont bougé. Les félins, à peine calmés,
suivent Sue pour l’accompagner sur la terrasse.
Là se comprend toute l’obstination de Sue Townsend à vouloir
habiter cet appartement. Une vue panoramique sur Florence prolonge les charmes
du palazzo Capponi. En contrebas, l’Arno trace une ligne argentée dans laquelle
se reflètent les nuages. De quoi se sentir aux anges, éternellement.
http://www.pointdevue.fr/art-de-vivre/univers-chez-sue-townsend-florence_7924.html
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